Le Parlement hongrois vient d’adopter une réforme constitutionnelle interdisant explicitement toute reconnaissance des couples de même genre et affirmant dans le droit fondamental hongrois qu’un enfant « ne peut être élevé que par un homme et une femme ». Ce texte verrouille juridiquement l’exclusion des personnes LGBT+ de la sphère civile et citoyenne, en les niant comme sujets de droit. Cette décision intervient quelques jours seulement après l’interdiction de la Budapest Pride, symbole historique de visibilité LGBT. 

1) Une politique d’État LGBTphobe assumée et désormais constitutionnalisée

En votant ce jour une réforme constitutionnelle qui interdit explicitement toute reconnaissance juridique des couples de même genre et des identités trans, le Parlement hongrois franchit un nouveau cap dans la mise en œuvre d’un agenda autoritaire. Ce vote s’inscrit dans une politique d’État systémique, fondée sur l’effacement des personnes LGBT+ et la négation de leurs droits fondamentaux.

Depuis plusieurs années, le gouvernement de Viktor Orbán, dans le sillage de son ami Poutine,  multiplie les offensives législatives à l’égard des personnes LGBT :

–  loi de 2020 interdisant la modification du genre à l’état civil

– loi de 2021 censurant tout contenu perçu comme « promouvant » l’homosexualité ou la transidentité auprès des mineurs,

–  restrictions sur l’adoption par les couples de même genre,

– pressions administratives et judiciaires sur les associations LGBT+,

– et, tout récemment, l’interdiction de la Budapest Pride, qui constituait depuis plus de 25 ans un moment de mobilisation pour les droits.

Ce projet idéologique, profondément réactionnaire, vise à faire des personnes LGBT+ des citoyen·nes de seconde zone, à les invisibiliser, les faire taire et à les exclure de l’espace public et démocratique.

2) L’Europe ne peut plus détourner le regard : l’heure des sanctions pleines et entières

Face à cette dérive autoritaire assumée, l’Union européenne doit sortir de l’ambiguïté. Les principes de liberté, d’égalité et de dignité humaine ne peuvent rester des déclarations d’intention : ils doivent être défendus, y compris contre un État membre. Il est temps d’engager des sanctions financières ciblées, notamment le gel des fonds européens, et de relancer de manière effective la procédure prévue par l’article 7 du traité sur l’Union européenne, jusqu’à la suspension des droits de vote de la Hongrie au Conseil de l’UE.

HES appelle également les forces politiques de gauche à agir ensemble pour construire un front européen de défense des droits fondamentaux, en soutien aux militant·es et associations hongroises, dont le militantisme s’exerce aujourd’hui dans des conditions de plus en plus dangereuses.

Laisser prospérer l’idéologie de la haine au cœur de l’Union, c’est renoncer à ce que l’Europe soit un espace démocratique fondé sur le droit et l’égalité. Les droits LGBTI ne se négocient pas et les vies ne se mettent pas entre parenthèses. Nous militons pour une harmonisation des droits par le haut car l’Europe des droits n’est pas une option : c’est le socle même du projet européen.

Face à cette nouvelle dérive autoritaire d’Orbán, nous continuerons de défendre une Europe des droits humains, de la justice et de l’égalité – partout, pour toutes et tous.