Tribune publiée dans Têtu
signée par 280 élu-es locales-ales
Nous sommes élu·es locaux·ales, maires, adjoint·es, conseiller·es municipaux·ales, communautaires. Nous sommes lesbiennes, gays, bi-es, trans, queers ou allié·es. À l’occasion du mois des Marches des Fiertés, nous tenons à réaffirmer nos engagements pour les droits des personnes LGBTI+.
Dans un contexte marqué par la progression des discours de haine, des attaques contre les droits des femmes et des minorités sexuelles et de genre, des replis identitaires, nous le disons avec clarté : nos communes doivent être des remparts et des leviers d’émancipation.
Les services municipaux ne sont pas toujours à même de garantir un accueil digne et inclusif. Trop souvent, les familles homoparentales, les jeunes et seniors LGBTI+, les personnes trans sont invisibilisé·es, marginalisé·es, exclu·es des politiques locales. Ce constat est renforcé par le désengagement national : les gouvernements successifs sous Macron n’ont pas fait de la lutte contre les LGBTIphobies une priorité, menant à des augmentations des violences déclarées par les personnes concernées, et une France qui recule vis-à-vis de ses voisins sur les droits LGBTI+.
Mais la réalité est plurielle. Les grandes villes concentrent souvent une partie des actions et des structures engagées, alors que dans les territoires ruraux, périurbains ou isolés, les discriminations prennent d’autres formes, parfois plus silencieuses. Les manières de faire communauté y sont différentes, mais tout aussi essentielles. Nous devons agir partout.
Être un territoire inclusif, c’est mettre en œuvre des politiques locales, à l’échelle de la collectivité concernée, qui cherchent à garantir à chacun·e le droit de vivre librement, quelles que soient son identité de genre et/ou son orientation sexuelle. La liberté, comme pour tous les autres habitant·es du territoire, de vivre en couple, de constituer une famille, de circuler, sans peur. Nous devons être à la hauteur.
Nous portons des engagements concrets, inspirés de nos réalités locales et des recommandations du Rainbow Cities Network, réseau international des villes engagées. Cela commence par une volonté politique claire : créer des délégations ou des postes dédiés aux politiques LGBTI+, adopter des plans d’action co-construits avec les associations de nos territoires. Cela passe aussi par la formation des agent·es publics, la mise à jour des formulaires administratifs, la création de conseils consultatifs associant les habitant·es concerné·es. Il faut rendre visibles les cultures et les mémoires LGBTI+ dans nos rues, soutenir les initiatives artistiques et associatives, garantir l’accès aux droits à toutes les étapes de la vie. Et il faut également agir pour la sécurité : dispositifs de signalement, formation des forces de l’ordre dont les équipes municipales, protection des victimes.
De nombreuses communes en France montrent déjà l’exemple. À Paris, avec l’installation du mémorial hommage aux victimes homosexuelles de la déportation et à toutes les personnes LGBTQI persécutées dans l’histoire , à Marseille, avec une permanence d’état civil au plus proche des personnes trans, à Bordeaux, avec un plan de lutte contre les discriminations, à Nantes avec la dénomination officielle des marches des fiertés, mais aussi à La Courneuve, à Chenevelles ou à Lille, des politiques publiques locales audacieuses ont vu le jour. Elles prouvent que l’échelon municipal est pertinent pour agir et pour transformer. Nos villes peuvent être actrices du vivre ensemble, en mettant en œuvre des politiques publiques au plus proche des réalités des personnes LGBTI, des associations, des collectifs.
Nous appelons les communes, quelles que soient leur taille ou leur localisation, à rejoindre un réseau des « communes fières et inclusives ». À mutualiser leurs pratiques, leurs outils, leurs expériences. À porter ensemble une stratégie d’égalité ancrée dans le réel, partout sur le territoire.
À l’approche des élections municipales de 2026, nous affirmons que l’égalité des droits est une exigence et qu’elle doit devenir une boussole pour l’action publique locale, tout au long de l’année. Parce que l’égalité se construit ici et maintenant, dans chaque ville, chaque quartier, chaque village.
En ce mois des Fiertés, nous marchons comme élu·es aux côtés des associations, des familles, des jeunes comme des seniors LGBTI+, de toutes celles et ceux qui, parfois encore, doivent lutter pour vivre pleinement qui ils et elles sont.
Marcher, c’est aussi dire que nos communes ont un rôle essentiel à jouer pour garantir les droits de chacun·e.