La Journée de la visibilité lesbienne, célébrée le 26 avril, est née à Montréal en 1982 pour lutter contre l’invisibilisation persistante des lesbiennes dans la société. Aujourd’hui, elle demeure un moment essentiel pour mettre en lumière les réalités vécues par les lesbiennes et les combats menés et à mener pour que la société et les politiques publiques prennent en compte les parcours de vie des lesbiennes.
I) Lesbophobie : une violence structurelle persistante
Aujourd’hui être lesbienne signifie encore devoir composer avec des normes dominantes qui effacent, caricaturent ou marginalisent. Être lesbienne c’est être à la croisée d’une double discrimination, parfois trois : le sexisme, l’homophobie, la transphobie.
Selon le rapport 2024 de SOS Homophobie, ont été recensés 2 377 cas de LGBTIphobies en France. Il s’agit d’un chiffreen forte augmentation par rapport à l’année précédente. Parmi ces cas une part significative concerne des actes de lesbophobie, illustrant une réalité encore trop souvent ignorée. Ces violences se manifestent dans divers domaines :
- Sphère familiale : rejets précoces, parfois violents.
- Monde du travail : perception des lesbiennes comme des femmes “en dehors”.
- Institutions : protection juridique insuffisante.
- Espace public : hypersexualisation ou répression de la sexualité lesbienne
II) Des revendications concrètes pour plus d’égalité
Avec une loi bioéthique à minima sur la PMA en 2021, les lesbiennes rencontrent encore des obstacles significatifs dans l’accès à la parentalité. L’ouverture de la PMA aux couples de femmes, bien que symboliquement importante, reste entravée par des délais d’attente excessifs, un manque de formation du personnel médical et l’inaccessibilité de la méthode ROPA (Réception des Ovocytes de la Partenaire) pour les couples de femmes.
Nous réclamons :
- l’ouverture de la méthode ROPA
- Réduction des délais d’accès à la PMA par le renforcement des moyens humains et logistiques dans les Centres d’Étude et de Conservation des Œufs et du Sperme (CECOS).
- Reconnaissance automatique des deux mères à la naissance de l’enfant, sans acte notarié préalable
- Formation obligatoire du personnel médical sur les questions liées à la santé sexuelle des lesbiennes et à la parentalité pour garantir un accueil respectueux et informé.
- Soutien renforcé à la création lesbienne dans les politiques culturelles nationales et locales, afin de promouvoir la visibilité et la diversité des représentations.
- la nomination de rues, d’équipements et de lieux publics au nom de personnalités ouvertement lesbiennes
- l’ouverture de la PMA aux personnes trans
III) Une culture lesbienne vivante et engagée
Au-delà des revendications politiques, la culture lesbienne s’affirme comme un espace de résistance et de création. Des autrices comme Élodie Font, Cy Jung, Maëlle Le Corre ou Camille Isert explorent les vécus lesbiens, tandis que des podcasts tels que Gouinement Lundi et La Fièvre offrent des espaces de discussion et de réflexion.
Cette vitalité culturelle, présente dans la littérature, les podcasts, la musique, la bande dessinée et les festivals, est un levier d’émancipation. Elle rend visibles des vies longtemps ignorées et mises en marge de la société.
Être lesbienne est politique et nous militons pour une reconnaissance pleine et entière des lesbiennes dans les politiques publiques et les récits collectifs. La visibilité ne suffit pas, elle doit s’accompagner de droits effectifs.