Ils ont eu lieu à Mâcon et à Marseille : les deux derniers témoignages publics de guets-apens homophobes se sont produits ce mois-ci, après une longue liste aux 4 coins du pays. Ils ont tous les deux eu lieu suite à des échanges qui se sont tenus sur une plateforme malheureusement désormais bien connue des services de la police et de la justice.
Face à ce phénomène grandissant, la réponse des pouvoirs publics notamment du Gouvernement se fait attendre.
Guets-apens : une réalité glaçante et sous-estimée ?
En avril dernier, un documentaire édifiant “Guets-apens, des crimes invisibles” réalisé par Médiapart mettait en lumière un fait social : un guet apens homophobe par semaine, 300 victimes dénombrées en 5 ans et ce dernier mois, ce sont deux témoignages publics, un à Mâcon et un autre à Marseille, qui sont venus faire écho à cette enquête.
Les associations LGBT de terrain ont aussi noté une hausse des guets-apens, notamment via le site web Coco.fr (à présent basé entre le Royaume-Uni et la Bulgarie) qui a une sécurité très minimale pour ses utilisateurs. Coco.fr est pourtant régulièrement accusé aussi d’être un repaire de trafics et de pédocriminels.
La responsabilité des individus agresseurs n’exonère absolument pas les plateformes numériques de leur propre responsabilité. Si les éditeurs et propriétaires de ce site ne prennent pas de mesures pour protéger les internautes qui fréquentent leur site, le blocage de l’accès du site par les fournisseurs d’accès internet devient aujourd’hui une nécessité. La possibilité de « bannissement numérique » de 6 mois évoquée par le Ministre délégué chargé du Numérique, Jean-Noël Barrot, doit pouvoir s’appliquer à ces délits et être renouvelable.
Les sites et applications de rencontre doivent pouvoir continuer à offrir aux personnes LGBT qui le souhaitent les rencontres sexo-affectives qu’elles recherchent, dans un espace numérique protecteur pour chacune et chacun.
Un projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique qui n’en dit rien
Le projet de loi visant à sécuriser et réguler l’espace numérique (loi SREN), actuellement en cours d’examen par les deux assemblées, était l’occasion de légiférer en la matière : force est de constater que le texte, après un 1er examen par le Sénat et l’Assemblée Nationale, n’en dit rien.
A HES, nous proposons :
- L’inclusion de la dimension cyber numérique dans les cours à la vie affective et sexuelle,
- l’organisation d’une campagne nationale de prévention,
- un rapport et des données par les pouvoirs publics sur la réalité des guets-apens sexuels, violents et/ou crapuleux suite à des rencontres en ligne,
- Permettre aux juges d’interdire l’accès aux plateformes contenant un chat en ligne le temps d’une enquête de police,
- la mise en place de bannières de prévention et de messages d’alerte sur les sites de rencontre,
- Encourager les acteurs du numérique à se former aux LGBT-phobies en ligne et aux violences LGBT-phobes qui peuvent commencer par une rencontre virtuelle.
Ce qui doit également interpeller les pouvoirs publics est aussi l’âge des agresseurs : ils sont parfois mineurs ou jeunes adultes et c’est pourquoi il nous paraît indispensable d’intégrer une dimension cyber numérique dans les cours à la vie affective et sexuelle dans les parcours scolaires, de prévenir et de former dès le plus jeune âge à un usage du numérique respectueux de chacune et chacun. Et de réaliser effectivement, partout, ces cours, dont on sait qu’ils sont très peu effectués.
De nouveaux programmes, de l’école au lycée, sont attendus pour la rentrée 2024 et il est impératif que la lutte contre les LGBTphobies et la dimension numérique des rencontres sexo-affectives y soient intégrées.
En attendant, c’est une réaction et des prises en compte à la hauteur des vies abîmées par ces violences que nous réclamons.