Communiqué de l’Inter-LGBT, qui regroupe des dizaines d’associations sur tout le territoire français, à l’occasion du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes.
Préambule HES
Ce communiqué commun démontre l’attachement des associations LGBTI françaises à prendre une part active dans les luttes féministes et à choisir d’intégrer les combats pour les droits des femmes, dans les démarches de lutte pour les droits des LGBTI.
Il n’est pas possible, pour des militant·e·s d’association LGBTI, de dissocier le combat pour l’égalité et la lutte contre les discriminations, de la lutte contre une société sexiste, où la norme, les lois, la répartition des richesses, les réflexes, les violences se font dans un rapport entre les individus profondément marqué par le patriarcat, une domination masculine, à grand et bas bruit, qui continue de minorer les femmes et leur fait subir violences, abus et discriminations de toutes sortes.
Il était naturel que nos associations se mobilisent pour le 8 mars, et que nous continuions à défendre l’ouverture, au plus vite, de la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes afin que soient honorées des paroles présidentielles entendues depuis de nombreuses années, et tout simplement parce que l’égalité n’attend pas.
Un bouquet de fleurs pour un an de travail domestique gratuit, voilà à quoi se réduit trop souvent le 8 mars, journée internationale DES DROITS des femmes. Pourtant, en matière d’égalité femme-homme, un long chemin reste à parcourir. Après la belle promesse d’en faire une grande cause du quinquennat, sur le terrain la situation ne s’améliore guère.
En 2019, les femmes devraient enfin pouvoir choisir quand et avec qui fonder une famille. Malgré les avis favorables, ou neutres, de toutes les institutions consultées, aucune loi n’a encore été mise à l’ordre du jour ! La loi bioéthique ne saurait subir un énième report. Nous attendons qu’elle permette de sécuriser un grand nombre d’enfants, en prévoyant l’ouverture de la reconnaissance et de la possession d’état civil aux couples homosexuels et la transcription de l’état civil des enfants nés de GPA.
Garantir l’accès aux droits sexuels et reproductifs doit inclure l’arrêt des mutilations sur les enfants intersexes, permettre à toutes les personnes de bénéficier d’une contraception et d’un suivi gynécologique adapté, et permettre le bon accompagnement des personnes enceintes en arrêtant les fermetures des maternités de proximité. La conservation de gamètes doit également être garantie pour les personnes trans.
Renforcer la lutte contre les violences
En ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles, ce gouvernement ne tient pas ses promesses. En 2018, le nombre de plaintes pour viol a augmenté de 17 %, celles pour agression sexuelle de 20 %. Cependant, le nombre de condamnations pour viol a baissé de 40 % en 10 ans. La loi n° 2018 – 703 du 3 août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes a certes permis des avancées, notamment grâce aux délais de prescription allongés et aux mesures pour punir les raids sur Internet, mais comme toujours les moyens humains et financiers pour faire appliquer les lois manquent. Enfin, le 25 janvier dernier, le Canard Enchaîné racontait la requalification en « outrage sexiste » d’une agression sexuelle, alors que de nombreuses associations avaient alerté sur ce risque. Depuis le 1er janvier, 27 femmes sont mortes, tuées par leur compagnon ou ex-compagnon.
Ces violences existent également dans les couples lesbiens, gays, dans les couples où une personne ou les deux sont trans, dans un couple où une personne ou les deux sont bies. Ces violences existent. Il est temps de se saisir réellement de ce problème.
Pour une mobilisation inclusive et incluante
Le 8 mars se doit d’être une journée de lutte pour les droits de toutes les femmes : lesbiennes, bies, trans, intersexes, travailleuses du sexe, voilées, en détention, en activité professionnelle ou non. Cette lutte appartient à toutes les femmes, et doit être menée par et pour toutes les femmes. Plus les femmes appartiennent à différentes minorités, plus elles sont exposées aux discriminations et aux violences et pourtant le droit français ne permet toujours pas de prendre en compte la complexité de ces infractions.
Ce croisement des discriminations a de lourdes conséquences sur leur situation économique. Les femmes sont les premières victimes de la pauvreté : 2,6 millions de femmes vivent dans la pauvreté et plus d’1 million de femmes dans une situation monoparentale sont des travailleuses pauvres. Le nombre de femmes SDF ne cesse d’augmenter, alors que très peu de lieux d’accueil leur sont ouverts. Les chiffres manquent en France pour documenter précisément le poids de l’appartenance à différentes minorités sur la pauvreté et les discriminations pour les femmes au travail.
L’Inter-LGBT appelle l’ensemble de la population à prendre part aux manifestations prévues à l’occasion de la Journée internationale des droits des Femmes.