Dans la soirée du samedi 4 mars avait lieu le « derby du Nord » opposant le RC Lens au LOSC. Lors de ce match de la 26e journée du Championnat de France de football, une banderole à caractère homophobe a été brandie par des supporters, sans la moindre réaction des arbitres, joueurs, entraîneurs ou délégués de match présents au stade Bollaert de Lens. 

Cette banderole indiquait : « BSN-​DVE, ça commence en amitié, ça termine en porno gay ». 

Cette remise en cause d’un groupe d’amitié entre supporters de la Brigade Sud Nice et Dogues Virages Est, considérés proches de l’extrême droite, avec l’utilisation d’un registre homophobe n’est pas entendable. La volonté de cette banderole étant de blesser, en remettant en cause la sexualité entre hommes, c’est-à-dire l’homosexualité. La dimension homophobe est clairement établie.

Depuis samedi soir et jusqu’à présent, malgré de vives réactions d’associations LGBTI+ sur les réseaux sociaux, ni la Ligue de Football Professionnel, ni même un des deux clubs ne sont exprimés pour dénoncer le caractère intolérable de ce geste ! Tandis que la Ligue de Football Professionnel est soumise à l’obligation de signaler au procureur de la République tout délit dont elle a connaissance en tant que délégataire de service public du ministère des Sports, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénal.

Cette résignation en termes de sanction s’illustre notamment par une absence totale de prise en compte de ce délit homophobe lors notamment de la commission de discipline de la Ligue de Football Professionnel du mercredi 8 mars 2023, qui n’évoque pas l’incident dans les tribunes du stade lensois.

L’impunité flagrante quant à l’homophobie qui règne dans le football français continue d’œuvrer à sa banalisation dans l’ensemble de la société.

Déjà en mai 2019, suite à un signalement de plusieurs associations et collectifs LGBTI+, le RC Lens avait écopé d’une amende de 50 000 euros et d’une fermeture de tribune avec sursis pour un chant homophobe. La procédure des arrêts de matchs en cas de chants ou banderoles homophobes avait été mise en place en août 2019, mais cette avancée a très vite été abandonnée.

La même année, la présidente de la Ligue de Football Professionnel qualifiait l’homophobie de « folklore » du football. Son successeur à la tête de la Ligue de Football Professionnel, Vincent Labrune, vient de rendre un vibrant hommage à Noël Le Graët, démissionnaire de la Fédération Française de Football, à la tête de laquelle il s’est régulièrement illustré par son opposition, entre autres, à la lutte contre l’homophobie : cet hommage nous interroge sur la réalité de l’engagement de la Ligue de Football Professionnel pour faire reculer le fléau qu’est l’homophobie.

Depuis des années et à l’aube des Jeux Olympiques 2024 à Paris et dans d’autres grandes villes de France, aucune disposition n’est prise par la FFF, ni par le gouvernement pour faire cesser ou même condamner ces actes inadmissibles. 

Lutter contre la haine dans les stades doit être un sujet quotidien sur lequel tout acteur sportif doit s’engager. L’émancipation LGBTI+ dans le sport est un impératif à atteindre au plus vite. 

Nous, associations LGBTI+, condamnons les propos et actions discriminatoires ayant eu lieu samedi soir et appelons les organisateurs, les clubs de football, ainsi que leurs partenaires à dénoncer, à juste titre, ce geste, qui ne peut et ne doit pas rester impuni.

Force est de constater les graves retards des instances du football en matière de lutte contre les LGBTIphobies, aussi bien dans sa prévention que dans sa répression. La pédagogie déterminée, avec des moyens à la hauteur est aujourd’hui plus que nécessaire pour espérer, un jour prochain, la fin du fléau qu’est l’homophobie dans le sport.