Face à la nouvelle législation qui condamne les personnes homosexuelles du Brunei à la lapidation, il faut que la société civile et les autorités françaises et de l’Union européenne fasse le choix d’actions pertinentes pour aider au mieux les militant·e·s et les citoyen·ne·s du Brunei

Face à la situation préoccupante au sultanat de Brunei avec les récentes déclarations des autorités sur la lapidation promise aux personnes homosexuelles. Les diplomaties française et européenne ont un rôle à y jouer.

Certaines personnes ont déjà formulé la demande pertinente et symbolique du retrait de la grand-​croix de la Légion d’honneur attribuée au sultan de Brunei. HES se joint à ces demandes, parce que tout ce qui peut permettre d’envoyer un signal fort — efficace — de la part de la République française, notamment avec une dimension symbolique puissante, est bon à prendre.

Et le mot important est bien ici, efficace. Toutes les démarches entreprises aujourd’hui en France en Europe, afin d’attirer l’attention sur ce qui se passe au Brunei, et d’amener une visibilité médiatique pour tenter de changer la décision légale récente des autorités brunéiennes, sont une bonne chose.

À la condition qu’elles permettent concrètement et efficacement des changements dans la législation ou qu’elle permette l’activité la plus efficace possible pour tou·te·s les militant·e·s du Brunei qui ont à affronter cette législation et les autorités qui l’ont instituée.

La saine et légitime indignation, la colère et l’effroi, que chacun aura pu ressentir à cette information sur la nouvelle criminalisation de l’homosexualité au Brunei ne doit pas faire ressentir simplement. Nous devons collectivement être conscients de la réalité pour le moins compliquée et souvent violente du quotidien des personnes LGBTI dans de trop nombreux pays du monde.

Cela doit aussi nous nous pousser à prendre conscience que les modes d’actions que nous envisageons chez nous peuvent ne pas être les plus adaptés au combat que des activistes mènent de l’autre côté du globe. Nos buts sont similaires, même si les stratégies peuvent différer et que les demandes peuvent être diverses.

HES souhaite que se pose à chaque fois la question lorsque nous regardons ailleurs, sur une situation qui nous émeut, nous attriste ou nous horrifie : comment aider aux mieux ? Amnesty France a rappelé en cela les demandes des militants brunéiens de The Brunei Project.

Enfin, HES souhaite que reste en tête que les commentaires outrés des mondes militants, médiatiques ou politiques et les déclarations plus ou moins fortes de l’exécutif ou de la majorité ne sauraient valoir uniquement pour le Brunei. Ce petit pays n’est pas moins violent envers les personnes homosexuelles que l’Iran qui pend les gays, l’Arabie Saoudite ou le Soudan, la Mauritanie ou le Qatar dont les lois promettent la mort aux homosexuels. La diplomatie même en réalpolitique ne saurait être à deux vitesses que ce soit dans les émotions ou les stratégies.

HES continue à défendre dans les modes d’action qui sont divers et peuvent être multiples, le long combat pour la dépénalisation universelle de l’homosexualité.

Nous redisons que les diplomaties de notre pays et de l’Union ont des rôles à jouer, avec les secteurs économique et associatif. La signature par 30 pays, dont la France, d’un appel de la coalition pour les droits égaux le 13 avril dernier, en est un exemple (et un premier pas). L’objectif est simple : aider au mieux la société civile et protéger les minorités.

Le Parlement européen a adopté, le 18 avril, une résolution enjoignant les autorités de l’Union et les États membres à diverses actions. Pour condamner les autorités du Brunei et proposer des sanctions économiques d’une part et « invite les institutions de l’Union à accroitre leur soutien aux organisations de la société civile » et à respecter le cadre juridique des demandes d’asile d’autre part.


Au niveau européen, au sein de l’Union, un travail d’harmonisation des législations nationales et de cohérences avec les directives et résolutions européennes, ainsi qu’avec les décisions de la CEDH doit être mené.

À l’extérieur de l’Union européenne, une action cohérente doit être organisée par les diplomaties nationale et communautaire afin de faire respecter les engagements internationaux des États (charte de l’ONU, respects des droits et des personnes) et également d’aider les militant·e·s et membres de la société civile dans leurs combats pour les droits humains..

Retrouver les propositions d’HES sur l’harmonisation des droits et la lutte pour le respect des droits fondamentaux