Ce 11 janvier 2022, à 3 mois de la fin de son mandat, le gouvernement Macron va enfin autoriser le don de sang par les gays sans les « 4 mois d’abstinence » qui restaient à abolir. C’est la fin d’une différenciation qui considérait, auparavant, les gays comme dans l’impossibilité définitive d’être donneur, de par leur seule orientation sexuelle, confondant hélas « pratiques à risques » et « groupes à risques »…

En 1983, alors avec une prévalence importante du VIH-​Sida chez les gays et la très forte menace de transmission du virus via le sang, de nombreux pays d’Europe avaient interdit, à vie, le don de sang aux homosexuels masculins. Le statuquo de cet interdit total dura très longtemps. 

La gauche au pouvoir, sous le mandat de F. Hollande entre 2012 et 2017, a justement mis fin à cette pratique plus que trentenaire, devenue caduque au regard des progrès médicaux et de dépistage précoce des poches de sang. Le PS avait aussi, en même temps,  totalement rouvert le don de plasma pour les gays, en organisant sur les mêmes bases, les possibilités de don, que les donneurs hétérosexuels. 

Mais, sur exigence très précautionneuse des médecins et experts de l’EFS notamment, demeurait une période d’« abstinence sexuelle » pour les gays/​HSH avant tout prélèvement, avec une réduction de cette période prévue selon les résultats obtenus par des études dans les années à suivre. Ces délais avaient déjà été réduits, logiquement. Toujours en constatant que la sécurité transfusionnelle restait maximale. 

Un travail lancé et poussé par la gauche

Dès 2018, le groupe PS avait déjà proposé à l’Assemblée nationale un amendement supprimant les délais restants (4 mois). Refus total de la majorité et de l’exécutif Macron… En 2020 et 2021, à l’occasion de la laborieuse étude de la loi bioéthique – maintes fois repoussée par LREM –, les élus PS, via notamment le député Hervé Saulignac, a proposé à nouveau un amendement supprimant ces délais résiduels de 4 mois. Ce fut enfin accepté  et voté ! 

Cet aspect de la loi bioéthique, adoptée et promulguée à la fin de l’été 2021, devait selon même l’engagement formel du ministre Véran, d’appliquer dès le 1er janvier 2022. Évidemment, force est de constater qu’il n’en fut rien, faute de volonté politique et de publication des décrets d’application… 

Il aura fallu que des militants, des associations LGBTI+ et de certains médias s’émeuvent de l’absence du décret promis, de ces silences, de quelques incohérences usuelles de la cette majorité et de ce gouvernement (EFS vs ministère…) et de ces retards pour qu’enfin cela soit annoncé… pour le 16 mars 2022.

Ce sont de fait encore 2 mois et demi de perdus, à l’instar d’autres sujets hélas, alors même que les réserves de sang dès aujourd’hui, en cet hiver épidémique très tendu, demeurent encore dangereusement sous-dotées. 

La fin de l’homosexualité considérée à priori comme forcément « à risques » est une bonne chose 

La mise en place de l’égalité de traitement avec les donneurs hétérosexuels est une bonne chose et elle est à saluer : HES se réjouit vraiment que cette longue marche ait pu aboutir, elle vient mettre un terme à la mise à part, préalable, des gays pour le don de sang. 

Elle se place dans la suite logique de ce que les avancées sanitaires permettent. Elles ne constituaient pas – avant – une discrimination. Ce mot est impropre lorsque l’on parle d’un acte d’abord altruiste qui vise à aider son prochain, et pour lequel de nombreuses personnes, par défaut, en étaient interdites (comme celles ayant pu vivre en Grande-​Bretagne lors de la crise de la « vache folle »). Les travaux des associations de malades, des associations LGBTI et des groupes d’épidémiologistes ont abouti à un résultat satisfaisant, dans un processus qu’il faut saluer. Il permet de garantir la fin de questionnaire et « approches » discriminantes, mais continue de garantir la sécurité que l’on doit d’abord et avant tout aux malades.

Il permet de rappeler que la rationalité scientifique et la volonté d’une démarche sanitaire exigeante sont les prérequis obligatoires en matière de santé publique. Ce sont les fourches caudines par lesquelles il faut toujours passer. Elles peuvent être parfois difficilement compréhensibles et sur lesquelles une émotion réflexe, qui n’en reste pas moins légitime, peut se faire jour. Elle devra à chaque fois, sur ce sujet, comme d’autres, ne pas prendre la place qui revient à la raison et à la justice.

Il appartient à présent aussi à la majorité sortante d’informer clairement (et rassurer) avec sérieux le grand public et en même temps d’inciter fortement les gays à donner leur sang, que cet ajustement légal nécessaire ne reste pas purement théorique, mais soit bien opérationnel partout en France !