Les enjeux de visibilité des lesbiennes (cis ou trans) sont à la croisée des combats pour les droits des femmes et des droits pour les personnes LGBTI+
Célébrée pour la première fois il y a quarante ans au Québec, la journée de la visibilité lesbienne est l’occasion de rappeler que nos vies sont politiques.
Des discriminations persistantes quel que soit l’âge
Selon une enquête de l’Ifop en partenariat avec l’Autre Cercle menée en 2021/2022, plus d’une femme lesbienne sur deux a déjà été victime d’agression ou de discrimination sur son lieu de travail et le dernier rapport annuel de SOS Homophobie montre que les victimes de discriminations lesbophobes sont de plus en plus jeunes. Pas moins d’une sur quatre est mineure et près de la moitié a moins de 24 ans.
L’invisibilité des lesbiennes pose aussi la question de leur prise en compte dans les politiques de santé publique, comme le soulevait la note de Flora Bolter pour la Fondation Jean-Jaurès en 2021.
En matière de parentalité, la loi bioéthique de 2021 ouvrant la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules reste une loi incomplète et au rabais. Elle ne s’accompagne pas de mesures nécessaires à sa pleine mise en œuvre. Aujourd’hui, faute de moyens et d’un accompagnement efficace de la loi, les délais ne cessent de rallonger mettant en péril des centaines de projets parentaux.
Autant d’exemples de ce que les impensés, les préjugés, ou les volontés de mettre de côté produisent dans notre société, à travers nos textes de lois ou les normes sociales et culturelles.
Nommer pour exister
Parce que les mots sont l’expression d’une existence et de ce qui fait société, cette journée permet de rappeler que les lesbiennes (cis ou trans) sont à la croisée d’une double discrimination, celle liée au genre et celle liée à l’orientation sexuelle. Pour ces raisons-là, les lesbiennes ont longtemps souffert (et continuent de souffrir) d’un effacement et d’une invisibilisation de leurs parcours de vie, ou d’une hypersexualisation vue sous le prisme d’un regard masculin et hétérosexuel.
Les femmes (cis ou trans) ne sont pas un sous-groupe d’une communauté républicaine faussement universelle, car essentiellement masculine et patriarcale. Les femmes lesbiennes ne sont pas une sous-communauté dans une communauté LGBTI+, surtout empreinte d’une visiblité essentiellement gay. Nommer la lesbophobie, utiliser le terme lesbienne dans les espaces de socialisation, dans les mouvements LGBTI+, et dans les approches politiques sur les différents sujets touchant les communautés LGBTI+, c’est reconnaître les combats, les droits à conquérir, les politiques publiques à construire en direction des femmes lesbiennes.
Depuis quelques années en France, la journée de la visiblité lesbienne est l’occasion de manifestations organisées à Paris et dans plusieurs villes (Lyon, Marseille..) et des collectivités locales commencent à proposer des programmes pour célébrer cette journée. Nous ne pouvons qu’encourager les communes, notamment celles gérées par la gauche et les socialistes, à s’emparer de cette journée afin de penser des politiques publiques plus inclusives.
Parce que la visibilité des lesbiennes est un combat éminemment politique, HES LGBTI+ appelle tou·tes les militant·es de l’égalité des droits et de l’émancipation à se joindre aux manifestations organisées à l’occasion et autour du 26 avril.