A l’occasion de la journée de solidarité intersexe, plusieurs publications et recommandations récentes au niveau européen et international, viennent mettre en lumière les enjeux autour des droits des personnes intersexes, encore trop mal pris en compte par les Etats membres de l’Union Européenne. Le rapport de l’agence européenne des droits fondamentaux, la recommandation du Conseil de l’Europe sur l’égalité des droits des personnes intersexes et le rapport du Haut-​Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme invitent à l’action pour reconnaître les vécus et mettre en place des législations protectrices pour les personnes intersexes.

1) Des réalités chiffrées et documentées qui mettent en lumière les violences subies par les personnes intersexes

Le rapport de l’Agence Européenne des droits fondamentaux,fruit d’une vaste et sérieuse enquête menée en 2023 auprès de près de 2 000 personnes intersexes dans 30 pays européens,met en lumière une réalité alarmante : la violence et les discriminations subies par les personnes intersexes s’aggravent en Europe. 

Les chiffres sont glaçants. Plus d’un tiers des personnes interrogées déclarent avoir subi une agression physique ou sexuelle au cours des cinq dernières années. Près des trois quarts affirment avoir été victimes de harcèlement motivé par la haine, unehausse spectaculaire par rapport à 2019. Plus de la moitié ont subi des interventions médicales visant à modifier leurs caractéristiques sexuelles sans consentement libre et éclairé. Enfin, près de quatre personnes sur dix rapportent avoir été confrontées à des pratiques de conversion. Ces violences laissent des traces profondes : isolement, traumatismes, difficultés d’accès à la santé, au logement, au travail ou encore à l’éducation. Nous dénonçons avec force ces violations flagrantes des droits humains. Il est insupportable qu’en 2025, en Europe, des enfants et des adultes soient encore privés de leur intégrité corporelle et de leur dignité, stigmatisés et exposés à des traitements inhumains.

2) Des recommandations et des revendications existent : les Etats doivent enfin les prendre en compte

Ce rapport ne doit pas rester sans suite et, avec lui, la Recommandation du Conseil de l’Europe et le rapport du HCDH. Ils appellent à une mobilisation politique immédiate. Nous demandons aux États membres et à l’Union européenne d’agir sans délai pour garantir les droits des personnes intersexes. Cela implique d’inscrire explicitement les “caractéristiques sexuelles” dans toutes les lois anti-​discrimination et de protéger les personnes intersexes contre les discours et crimes de haine ; d’interdire les interventions médicales non vitales pratiquées sans consentement, de mettre en place des protocoles respectueux des droits humains et d’accompagner les familles par une information complète non pathologisante et un soutien psychologique s’il est souhaité ; d’informer les personnes concernées notamment par l’accès à leurs dossiers médicaux, et de prévoir des voies de recours et des réparations pour les préjudices subis.

L’éducation et la sensibilisation doivent également jouer un rôle central. Les programmes scolaires doivent reconnaître la diversité des corps humains et lutter contre les stéréotypes, tandis que les professionnel·les de santé, de l’éducation, de la justice et du social doivent être formé·es à la réalité intersexe. Le soutien psychologique spécialisé si il est souhaité, l’accès égal à la santé et la transparence des pratiques médicales sont indispensables. Nous réaffirmons la nécessité de dépathologiser pleinement, de simplifier les démarches d’état civil et de réfléchir à la suppression de la mention de genre sur les documents d’état civil et d’identité. 

HES LGBTI+ appelle le gouvernement français et l’Union européenne à prendre leurs responsabilités. Les droits des personnes intersexes sont des droits humains et contribuent pleinement à construire une société plus juste et plus respectueuse de chacun‑e