Chantal Jouanno, après Alexis Corbière, était interrogée sur les demandes des Français·es de pouvoir se prononcer sur le pays et ses lois et sur le Référendum d’initiative citoyenne (le RIC). Ils ont tous deux indiqué que rien n’était hors de portée, ou interdit comme thème. Citant expressemment le mariage pour tous.
Lancée par le Conseil économique, social et environnemental, une consultation en ligne organisée à la suite du mouvement des Gilets jaunes, ouverte à tous, était censée préfigurer une grande consultation nationale voulue par le gouvernement. Devant cette opportunité de polluer, à nouveau, le débat public, les mêmes groupuscules qui ont choisi de dégrader, par une participation organisée et injurieuse, les débats de bioéthiques l’année passée se sont mobilisés pour demander l’abrogation du mariage pour tous, à l’heure où, notamment, la question du niveau de vie occupe nos concitoyen·ne·s.
Outre l’écho sensationnaliste donné par les médias à une « vague » de demandes d’abrogation de la loi qui aurait « inondé » le site du Cese — alors qu’il ne s’agit que de 2 % des votes — Madame Jouanno, interrogée sur ce sujet au micro d’Europe 1, a d’abord indiqué qu’« aucun thème » ne serait interdit, avant de « corriger » ses propos et d’indiquer que « chacun est libre d’organiser un débat sur le sujet qu’il souhaite. Il n’est pas dans mon pouvoir de censurer les sujets ».
Soyons clairs : ces propos, même corrigés, sont proprement inadmissibles. L’ensemble des associations du mouvement LGBTI+ se sont prononcées, à plusieurs reprises, depuis des années, pour dénoncer, dans le retard pris sur l’ouverture de la PMA, une mauvaise redite du contexte des débats sur l’ouverture du mariage à tous les couples.
À nouveau, en considérant qu’il est « admissible » de débattre de la loi Taubira, c’est un blanc-seing perpétuel à l’homophobie qui est fait. Cela en fait un petit subside du débat public, légitime et recevable, pour tenter de calmer les colères ou angoisses de groupes sociaux divers et variés.
Cette position cynique et ce jeu tordu, où l’exécutif pourrait se placer en restaurateur de la concorde après avoir permis la rouverture de la boite de pandore de la haine, entrainant des agressions physiques et verbales contre les personnes LGBTI+, sont indignes.
On ne saurait se prétendre démocrate en pensant valable de revenir sur les droits et libertés pour n’importe quel·le citoyen·ne. Il n’est pas admissible qu’on puisse laisser penser que l’homophobie serait un paramètre acceptable de notre société et du débat public.
En aucun cas, le mariage pour tous ne saurait être légitimement remis en question, et servir dans un jeu du débat permanent, agité par les mêmes groupuscules minoritaires, serviles et agités au service d’un projet de société excluant et discriminant.
Agité aussi dans la classe politique, parmi ceux qui, de droite espèreraient se refaire une cerise progressiste sur le dos des personnes LGBTI+ ou qui voudraient confirmer leur course à l’échalote avec l’extrême droite, ou ceux de « gauche » qui voudraient donner des gages à un électorat auxquels ils ont décidé de faire la cour.