Classée seulement 38e dans le dernier classement de l’ILGA Europe et alors que les personnes, les couples, les familles LGBTI bulgares ne disposent pas d’une pleine égalité, la Bulgarie recule encore en ayant subitement approuvé le 8 août dernier une loi incluant un amendement contre la “propagande LGBT”. Face à cette hostilité directe à l’égard des personnes LGBTI et aux droits fondamentaux, nous attendons une réaction officielle et forte des institutions européennes !
Le 8 août dernier, en Bulgarie, en plein examen d’une loi sur l’éducation, le Parlement bulgare a adopté, à une écrasante majorité, un amendement déposé par le parti d’extrême-droite pro-russe bulgare Vazrazhdane et soutenu également par des élus du parti socialiste bulgare.
Cet amendement, similaire aux dernières lois votées en Russie ou en Hongrie, interdit “la propagande, la promotion ou l’incitation de quelque manière que ce soit, directement ou indirectement, dans le système éducatif, d’idées et de points de vue liés à une orientation sexuelle non traditionnelle et/ou à une identité de genre différente de l’identité biologique”.
Alors que Michael O’Flaherty, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, exhortait Roumen Radev, Président Bulgare, à ne pas ratifier la loi, celle-ci fût tout de même promulguée, ce 15 août 2024, fragilisant encore plus les personnes LGBTI+ bulgares déjà si peu protégées par les lois nationales. Ce texte est illégal au regard du droit et de la jurisprudence de l’Union Européenne.
En 2023, la Cour européenne des Droits de l’Homme condamnait la Bulgarie pour avoir refusé de reconnaître l’union à l’étranger d’un couple de lesbiennes car le mariage pour les couples de même sexe n’y est toujours pas autorisé.
La Bulgarie vient de franchir une nouvelle étape rétrograde en attaquant de plein front les personnes LGBTI et les jeunes, dans leur droit à l’éducation et l’information.
En interdisant les discussions et l’éducation sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre dans les écoles, la Bulgarie fait un pied de nez à l’Union Européenne, à ses valeurs et à ses textes fondamentaux. Elle met aussi en danger les personnes LGBTI avec un risque accru de discrimination à leur encontre.
A l’approche de nouvelles élections législatives, ce coup politique ne pourrait que renforcer le populisme et le score de l’extrême-droite bulgare et, ainsi, fragiliser encore nos démocraties et les droits des minorités bulgares.
HES LGBTI+, avec les associations LGBTI nationales et locales, est fortement préoccupée par la situation bulgare et demande à la Commission européenne d’engager sur le champ une procédure d’infraction et au Parlement Européen de condamner ouvertement ces mesures.
Nous appelons également le Parti Socialiste Européen (PSE) et le groupe socialiste et démocrate (S&D) à suspendre ou exclure le parti socialiste bulgare qui n’en est pas à son coup d’essai contre les droits des LGBTI+ et les droits des femmes. Pour se démarquer de l’extrême droite, il faut également que nos maisons communes soient exemptes des populistes rétrogrades. Cela a été fait pour la Slovaquie : cela doit être fait pour la Bulgarie.
Nous exprimons également notre soutien aux défenseurs des droits humains et aux personnes LGBTI bulgares.