Après 4 années d’une présidence Trump hors-normes à tous niveaux, où le populisme religieux, l’arrogance clanique et un népotisme assumé ont poussé les États-Unis dans l’isolationnisme, la fascination pour des régimes autoritaires et le rejet de la science et de la rationalité, une page vient d’être tournée.
Fin de la présidence Trump, mais quid du « trumpisme » ?
La démagogie, le record de mensonges tous azimuts et le crypto fascisme d’une administration adoubant les suprémacistes blancs et le complotisme fanatique armé, se battant contre les droits des minorités, et contribuant à la haine répandue via tous les réseaux, ont été enfin battus, par le vote du peuple dans les urnes.
L’histoire jugera durement cette période bientôt close. Mais on aurait hélas grand tort de penser que la présidence Trump n’a été qu’une pénible parenthèse dans l’histoire d’un pays. Ce qu’il a pu incarner a pris racine durablement dans un pays polarisé, toujours trop peu sécularisé. Et s’est exporté.
Ne jamais considérer la démocratie comme un acquis définitif
La démocratie n’est pas une donnée intangible fixée à jamais dans le marbre d’un pays. C’est un combat constant face aux forces populistes de tous poils, trop nombreuses, qui en appellent toujours aux plus bas instincts, jouant des amalgames haineux, des clichés et désignant des boucs émissaires faciles, y compris à grand renfort de « fake news »…
N’oublions pas non plus que l’administration Trump peut encore causer de vrais dégâts contre les minorités d’ici le 20 janvier, date de la fin de son mandat. Après la joie d’hier, la vigilance s’impose !
Les minorités victimes de quatre années d’une réaction débridée
L’administration Trump aura mené, sans gêne ni détour, des attaques fortes contre les transgenres, contre les femmes, contre les homosexuels et la santé sexuelle. Toute la vieille panoplie de la droite religieuse aux USA a été ressortie des placards, « modernisée » puis utilisée ces quatre dernières années par un président n’hésitant jamais à mentir et s’inventer un amour des LGBTI ou au fait qu’il en aurait été le premier défenseur, en dépit des faits.
Le « pinkwashing » au sommet, entre mépris réel et cynisme total parait outrancier, mais n’a pas manqué de porter quelques fruits. En France, certains dirigeants actuels, de droite, prétendent rejouer cette musique.
Trump, constamment motivé par la rancune et l’attaque directe, a d’ailleurs fait pareil sur le racisme en osant défendre un bilan inégalé pour sa politique envers les Noirs, on croit rêver…
Trump et ses équipes ont très régulièrement verbalisé et démontré leur opposition aux LGBTI+, notamment au mariage ouvert à tous les couples. La gauche démocrate, avec Biden et Harris, aura donc fort à faire pour corriger tout cela, au milieu d’une pandémie inédite et d’une crise sociale qui n’est pas terminée.
Avec les démocrates : retour du combat pour les droits LGBTI au sein du gouvernement
Car le « programme » du ticket démocrate reste encourageant et la plateforme du Parti en fait incontestablement les vrais champions des droits, dans le paysage politique états-unien. Avec la promesse de la mise en place de l’« Equality Act » dans les 100 jours, les futurs président et vice-présidente ont démontré clairement leur attachement aux droits LGBTI. Leurs soutiens aussi aux candidats LGBT démocrates présentés dans les élections des différents États ou pour le Congrès fédéral sont des démarches qu’il faut applaudir.
Avec un nombre record d’élu·e·s ouvertement LGBT et militant en faveur des droits LGBTI, pour l’écrasante majorité de la gauche américaine, cette élection démontre que ces enjeux ne sont définitivement pas communautaristes ou marginaux et laisse espérer des progrès réels dans les prochaines années.
Néanmoins, Biden et les démocrates ne semblent pas avoir une majorité au Sénat américain, cela risque fort de limiter leurs actions pour le pays.
Obstacle majeur : la Cour suprême aux mains des réactionnaires
Et en plus d’un pouvoir politique limité avec une majorité démocrate uniquement à la Chambre des représentants, le paysage juridique s’est singulièrement assombri aux États-Unis depuis quelques semaines.
Profitant du décès de la Juge Ginsburg, ardente militante de l’égalité, le Président Trump et sa majorité républicaine au Sénat ont installé une 6e juge, ultraconservatrice et religieuse, à la Cour suprême, faisant durablement basculer son équilibre en faveur des forces les plus réactionnaires.
Cela faisant clairement peser de lourds risques sur le mariage pour tous, relevant au niveau fédéral d’une décision de la Cour suprême, décision qu’elle pourrait (dans l’absolu) inverser. Et cela fait aussi poser de sévères risques sur le droit des femmes, notamment celui à l’avortement, déjà réduit et attaqué dans plusieurs États.
Les démocrates en France, invités aux prochaines marches des fiertés de France
Les militant·e·s des « Democrats abroad – France » sont invité·e·s à participer aux prochaines manifestations auxquelles le contexte nous permettra de participer. Comme nous, ils n’ont pas oublié l’invitation consternante, mais en grande pompe, de Trump au défilé du 14 juillet 2017 par Macron… Les défilés pour les droits LGBTI, avec de vrai·e·s militant·e·s de l’égalité des droits auront bien meilleur goût pour nous tou·te·s !
Enfin, cette victoire tant attendue dans une des plus vieilles démocraties du monde ne doit surtout pas nous faire oublier les trop nombreux autres pays très importants et puissants menés par des autocrates réactionnaires et homophobes : Russie, Brésil, Turquie et Pologne notamment…
Nous pensons donc particulièrement à tou·te·s les LGBTI vivant dans ces pays qui souffrent au quotidien, dont les vies sont parfois mêmes menacées.
Pour la France, rester vigilant et se mobiliser pour l’union à gauche
Ce qu’ont connu les États-Unis pendant 4 ans avec Trump est un risque non négligeable pour notre pays. Nous pourrions connaître en 2022, l’élection d’une réactionnaire populiste en France, venant surfer sur les mécontentements divers et variés, et prétendant y répondre…
Il nous faut anticiper la prochaine échéance présidentielle. L’union de la gauche est un impératif auquel toutes les forces du spectre progressiste partisan doivent se plier. L’échec d’un rassemblement de la gauche pourrait se terminer avec l’arrivée d’une populiste dont le programme d’attaques contre les libertés fondamentales et les minorités ne fait aucun doute.
HES LGBTI+ se réjouit de cette victoire de la gauche, félicite les gagnants et applaudit la mobilisation militante qui a permis cette victoire et celle de représentant·e·s et de sénatrices et sénateurs démocrates, qui permettront de faire avancer les droits LGBTI !