Tombée hier, la décision du Tribunal constitutionnel polonais a restreint une nouvelle fois le droit à l’avortement — qui était déjà très réduit. Cette décision vient en totale contradiction avec la résolution portée par le socialiste espagnol Lopez-Aguilar adoptée début septembre au Parlement européen où les Eurodéputé·e·s appelaient à ne pas revenir sur ce droit.
Les femmes, en toute circonstance, doivent disposer de leur corps librement. Or, l’accès à l’IVG était déjà extrêmement difficile avec les refus fréquents de professionnels de santé polonais, et la pilule du lendemain n’est plus fournie sans prescription médicale depuis juillet 2017. Selon des ONG locales, le nombre d’IVG clandestines en Pologne ou à l’étranger, avec souvent des conditions sanitaires dangereuses, serait déjà de 200 000 par an !
Un tribunal constitutionnel établi en piétinant les règles de droit
En outre, ce Tribunal constitutionnel était déjà totalement illégitime. Il ne répond à aucun standard exigé dans un État de droit (d’après toutes les institutions européennes et le Conseil de l’Europe): il est donc totalement surréaliste et tragique de voir ces « juges » entièrement dépendant du parti majoritaire de droite, religieux et autoritaire, le PiS (proche de Debout la France de Dupont-Aignan et du RN des Le Pen au plan européen) se prononcer sur un sujet de cette importance.
Droits des femmes, droits des minorités : mêmes combats !
Le gouvernement polonais continue sa croisade contre les droits fondamentaux et met en place son idéologie rétrograde, s’attaquant aux femmes et LGBTI. Il y a fort à parier que d’autres décisions viendront encore pour réduire les libertés et les droits fondamentaux des Polonais·es.
Pour rajouter à la situation désastreuse, le défenseur des droits polonais est arrivé au terme de son mandat et les conservateurs tentent tout afin d’imposer un candidat aux ordres, faisant fi des règles démocratiques établies. C’est également pendant cette période de crise sanitaire que cette décision réactionnaire arrive, au détriment surtout des plus jeunes. Cette époque empêchant la tenue de grandes manifestations de rues, la seule « arme démocratique » qui avait parfois fonctionné dans le passé dans ce pays…
Le viol constant du droit de l’UE est inacceptable
Qu’un tel gouvernement puisse continuer d’opérer au sein de l’Union européenne (UE) aux mépris des plus élémentaires de ses règles n’est plus soutenable. Les procédures formelles ne permettent pas de réagir convenablement et on ne peut pas accepter qu’un État bafouant les textes fondateurs de l’Union puisse bloquer les discussions actuelles sur le futur budget ou puisse mettre son véto à un mécanisme de conditionnalité des fonds européens au respect de l’état de droit.
L’Union européenne reste les bras ballants, faute d’action de la Commission
Les États membres doivent très vite prendre leurs responsabilités et condamner fermement ce gouvernement polonais, ainsi que la Commission européenne qui reste encore les bras croisés. C’est bien la première fois en Europe qu’un tribunal illégitime vient restreindre les droits des femmes. Non, ce n’est pas l’Europe pour laquelle nous nous battons !
HES LGBTI+ tient a saluer le courage des militant·e·s et ONG polonais·es qui se battent, depuis des années, pour le simple respect de la dignité de millions de Polonais·es.