Les dernières révélations de Mediapart font apparaitre l’importance du rôle joué par Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Étienne, dans le « kompromat » homophobe contre Gilles Artigues, son ex 1er adjoint, contrairement à ses démentis. Les faits sont particulièrement graves, et il est totalement impensable qu’un élu mêlé à cela puisse rester en responsabilité et, comme maire, diriger un exécutif, notamment de cette taille.
Passé les premières révélations de Mediapart sur une affaire qui semblait ahurissante, il apparaissait incroyable que de tels agissements ne soient pas connus du maire, même par des rumeurs à minima. Les dernières preuves sorties font état du rôle de premier ordre qu’a joué Gaël Perdriau dans une machination sordide et honteuse.
La « fabrication » de documents compromettants (cf. les « kompromats » inventés par le KGB), aux visées homophobes évidentes, afin de « tenir » l’ex-premier adjoint de Saint-Étienne, par des membres de cette majorité de droite, est un scandale. Qu’un maire ait pu prendre une part active à un tel chantage le rend totalement indigne de ses mandats et de sa fonction. On notera les réactions très tardives de la droite (LR et alliés) au plan national (hier soir), comme celles de la quasi-totalité des élus locaux de Saint-Étienne et sa métropole…
Homophobie et « outing » comme outils de dévalorisation et de chantage
Ce coup monté par les proches du maire LR est une abjection préméditée. Tendre un piège pour filmer un adulte ayant une relation sexuelle avec un autre. Utiliser la vidéo dans laquelle un escort a été « commandé » (possiblement via le détournement d’argent public et d’une subvention par des élus municipaux…) à dessein pour faire lourdement pression sur un membre de son camp. Le menacer de diffuser la vidéo aux parents d’élèves d’un établissement religieux… De tels ingrédients sordides, dignes des pires « kompromat » russes, paraissaient invraisemblables. De telles pratiques n’avaient jamais été révélées en France, à notre époque.
Cette affaire crée un précédent autant immonde que très dangereux. Ces manœuvres ne peuvent rester sans une réponse rapide et forte de la part de la justice, et doivent faire l’objet d’une attention particulière du gouvernement dans le cadre de sa capacité légale à démettre un maire capable de faits aussi graves.
Car il s’agit ici d’une nouvelle preuve, à qui en avait encore besoin, que l’homophobie reste bien ancrée dans notre pays. Elle est encore très présente parmi de très nombreux dirigeants politiques de droite, même pour dénigrer un des leurs, vu comme gêneur ou possible opposant. Utiliser un tel stratagème – inédit en France dans l’histoire récente – est indigne de responsables, indigne d’élus de la République, et les frappe d’un déshonneur qui doit trouver son issue dans leur démission, ou leur révocation.
Des sanctions qui doivent être exemplaires pour les responsables politiques
Car il est dans le pouvoir du gouvernement de statuer sur une révocation du maire. Le Conseil des ministres peut, en effet, prononcer la révocation d’un élu dont les actes sont d’une gravité particulière et s’il « ne possède plus l’autorité morale nécessaire pour assumer ses fonctions ».
Outre la plainte déposée dès le 29 août (depuis plus de 2 semaines donc), et l’enquête ouverte par le procureur avec les actes liés (perquisitions, gardes à vue…), l’action du gouvernement reste attendue. La gravité des faits ne peut être ignorée et les actions des élus et collaborateurs concernés ont entaché leur mandat irrémédiablement.
Si ce gouvernement souhaite démontrer enfin en actes son attachement à lutter vraiment contre les haines et les discriminations anti-LGBTI, il utilisera les pouvoirs dont il dispose pour sanctionner, à la hauteur de la faute, un maire, des élus, qui ont joué avec nos lois, ont bafoué l’honneur d’un homme et ont utilisé l’homophobie la plus crasse pour jouer avec lui. Il n’est pas possible pour l’exécutif d’ignorer cette affaire.
HES LGBTI+ souhaite qu’aucun·e citoyen·ne ne puisse considérer que l’homophobie soit acceptable parce qu’un mandat ou un titre rendrait cela possible. Nous apportons notre soutien à M. Artigues, toujours adjoint à Saint-Étienne, et nous formons le vœu que le gouvernement démette dès que possible M. Perdriau de sa fonction.