La liberté de recourir à l’IVG vient d’être inscrite dans la Constitution en France et cela constitue un acte politique fort et une avancée majeure. Pourtant, selon le Secrétaire général des Nations unies, au rythme des progrès actuels, il faudra encore attendre 300 ans pour arriver à une égalité des genres. Partout dans le monde, y compris en France, les inégalités persistent alors que les mouvements réactionnaires se font entendre 

La constitutionnalisation de l’IVG ne doit pas faire oublier les autres avancées à obtenir 

Si la constitutionnalisation de l’IVG est une victoire, elle ne peut faire oublier les inégalités persistantes sur un plan salarial et dans les conditions de vie : Les femmes, particulièrement les mères isolées, sont plus exposées toute au long de leur vie à la précarité, et les inégalités salariales (à hauteur de 25%)  se poursuivent à l’âge de la retraite, la dernière réforme ayant été particulièrement impactante sur ce point. 

Ces inégalités prennent racine dans les stéréotypes de genre, dans le sexisme encore trop bien ancré dès le plus jeune âge comme le relève le dernier rapport du Haut Conseil à l’Egalité :

  • 70% des femmes estiment ne pas avoir reçu le même traitement que leurs frères dans la vie de famille, 
  • près de la moitié des 25 – 34 ans pense que c’est également le cas à l’école 
  • 92% des vidéos pour enfants contiennent des stéréotypes genrés 

Dans un rapport publié en février 2023, la Fondation Jean Jaurès et l’ONG Equipop mettaient en lumière les attaques venues de mouvements réactionnaires : les droits des femmes et des minorités de genre et sexuelles sont toujours intrinsèquement liés et il faut des politiques qui les protègent en France et ailleurs particulièrement dans les pays où l’appartenance seule au genre féminin ou à une minorité sexuelle peut mettre en danger son existence même et son intégrité physique. 

Pour que les femmes  LBT ne soient pas invisibilisées

Les femmes lesbiennes et bisexuelles (cis ou trans) sont à la croisée d’une double discrimination, celle liée au genre et celle liée à l’orientation sexuelle et parce que les mots sont l’expression d’une existence et de ce qui fait société, les lesbiennes ont longtemps souffert (et continuent de souffrir) d’un effacement et d’une invisibilisation de leurs parcours de vie, ou d’une hypersexualisation vue sous le prisme d’un regard masculin et hétérosexuel.

Nommer la lesbophobie, utiliser le terme lesbienne dans les espaces de socialisation, dans les mouvements LGBTI+, et dans les approches politiques, c’est reconnaître les combats, les droits à conquérir, les politiques publiques à construire en direction des femmes lesbiennes.

L’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes revêt une dimension féministe puisque une filiation sans père est devenue possible et légale, pour autant son application pleine et entière reste inachevée et des milliers de dossiers et de projets parentaux sont toujours en attente 

Les violences systémiques liées au genre sont celles les plus ancrées dans nos sociétés et l’éducation à l’égalité des genres et la lutte contre les stéréotypes qui y sont liés sont donc indispensables pour faire évoluer les mentalités. Le sexisme, l’homophobie, la transphobie ont un seul terreau commun : le patriarcat.

Les mouvements féministes doivent assumer l’absolue nécessité d’intégrer les nouvelles identités trans, et les récits variés de vie trans qui se multiplient partout sur la planète  dans le matériel de lutte contre les stéréotypes de genre. Ne pas le faire, c’est donner à penser que l’état de nature biologique est le socle unique de toute vie humaine. Les attaques contre les traitements hormonaux de substitution des personnes trans ne sont que les ballons d’essai avant des attaques contre les moyens de contraception des femmes cisgenres, qui profitent des mêmes progrès et connaissance des métabolismes hormonaux.

Exclure, par essentialisation et dans une lecture biologisante, les personnes trans parce qu’elles ne seraient pas « nées » dans le bon genre, est une erreur et une démarche qui s’oppose à la fois à une vision émancipatrice de la société et crée des cadres de lecture qui mènent à des visions réactionnaires et intégristes.

Nous invitons nos militant·es à se joindre aux cortèges organisés de partout en France en ce 8 mars et nous continuerons à soutenir les combats féministes pour dire non aux inégalités de genre et  pour mener le combat pour une société plus juste et plus inclusive.