Aucune personne, aucune femme, aucune lesbienne, aucun LGBTI ne doit pouvoir être harcelé et menacé (d’être agressé, violé voire tué) ni en famille, ni à l’école, ni dans la rue, ni au travail, ni sur internet et les réseaux sociaux sans que la force publique, la justice n’agisse.
Les libertés publiques notamment celle d’opinion, et le respect des lois sont des règles de vie en commun, elles doivent nous protéger ! Le harcèlement en ligne, sous couvert d’un apparent anonymat, contre qui que ce soit, est intolérable. Les vagues de haine et l’effet de meute mettent en cause l’intégrité morale et physique d’une personne.
Refuser que la haine en ligne soit une partie normalisée du débat public
Que ce soit pour la jeune lesbienne Mila, qui doit vivre et s’épanouir librement dans sa vie d’étudiante, sans avoir à rester en cage, déguisée, cachée, traquée et sans vie sociale à cause des attaques constantes qu’elle subit. Que ce soit pour l’ex journaliste Alice Coffin, qui a été la cible de campagnes de diffamation et de menaces à la suite de ses discours et prises de position.
Pour des militantes et militants, pour des élu·e·s, pour des anonymes, pour qui que ce soit, il n’est pas acceptable que, quels que soient les motifs, avoués ou non, des attaques répétées, massives sur les plateformes, du doxing (rechercher et publier des informations personnelles sur quelqu’un : son adresse, son téléphone, ses connaissances, son employeur, ses loisirs…), la haine et la diffamation soient devenues une variable « admissible » du débat public, une part des échanges normalisée sur les réseaux sociaux.
La responsabilité des personnes n’exonère pas les plateformes
Les personnes qui sont à l’origine de ces violences, parce qu’elles en sont, doivent tomber sous le coup de la loi et répondre de leurs actes. Ce truisme reste une évidence pourtant à rappeler.
Les peines édictées par la justice contre les harceleurs violents de Mila sont largement méritées. On ne peut qu’espérer que cela calmera rapidement et durablement les trolls et autres excités du clavier. Malgré la désinvolture et le laisser-faire de trop d’acteurs du numérique (Facebook, Twitter…) et certains médias via leur site web, l’anonymat et l’impunité n’existent au final pas dans un état de droit, même sur la toile mondiale. Mais il faut pour cela, à la fois, une volonté politique de sévir contre ces violences, et des moyens donnés aux institutions policières et judiciaires pour mener à bien leur travail.
La liberté d’opinion ne se négocie pas. Il ne s’agit pas plus de revenir sur les principes constitutionnels qui l’ont forgé que sur les articles de loi qui l’encadrent, mais de demander leur réelle application, notamment pour sanctionner les discours de haine. En la matière, la très récente décision de justice de notre pays, qui intime à Twitter France l’ordre de préciser en détail les moyens de la modération des propos litigieux, est à cet égard un réel espoir.
L’entreprise a même été condamnée, à la suite des poursuites lancées, notamment, par SOS homophobie, l’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et par le Mouvement contre le racisme et l’amitié entre les peuples (MRAP) est aussi fondatrice pour que les plateformes, qui vivent des messages échangés en ligne, soient correctement modérés. Le respect des lois et celui des personnes sont des impératifs pour une qualité du débat public minimale.