Organisée pour la première fois en 1982 au Québec, la journée de visibilité lesbienne est célébrée ce vendredi 26 avril, elle est un temps militant pour visibiliser les existences et les combats des lesbiennes : lutte contre les discriminations, contre les stéréotypes de genre, santé, parentalité.
Beaucoup de revendications qui restent sans réponse car l’invisiblisation dont souffrent les lesbiennes occasionne des angles morts en matière de politiques publiques.
Lutter contre la lesbophobie et permettre un réel accès à la PMA
Selon une enquête de l’Ifop en partenariat avec l’Autre Cercle menée en 2021/2022, plus d’une femme lesbienne sur deux a déjà été victime d’agression ou de discrimination sur son lieu de travail et le dernier rapport annuel de SOS Homophobie montre que 12 % des cas de LGBTphobies rapportés à l’association sont spécifiquement lesbophobes. Ces violences prennent place principalement dans le cercle familial (pour 28% des cas), suivi par le cadre professionnel (13%), le voisinage (9,5%) et le milieu scolaire (9,5%) et elles sont partie intégrantes des violences sexistes.
Ces chiffres montrent la réalité de l’hétérosexisme dont sont victimes les lesbiennes durant leur parcours de vie.
En matière de parentalité la loi bioéthique de 2021 ouvrant la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules reste une loi incomplète et au rabais et nous cessons, avec d’autres associations, de le rappeler depuis 2021. La loi ne s’est jamais accompagnée des mesures nécessaires à sa pleine mise en œuvre : le système de don est obsolète, la capacité des CECOS est limitée, le nombre de centres permettant une PMA est insuffisant et les délais ne cessent de rallonger mettant en péril des milliers de projets parentaux. Le décalage entre le droit et son application dans la vie des personnes concernées est criant et nous réclamons des mesures concrètes de la part du Gouvernement pour accompagner et rendre possible la réalisation des projets parentaux des couples de lesbiennes.
La loi votée en 2021 reste par ailleurs toujours insuffisante sur d’autres points : en voulant mettre fin à une discrimination en matière de filiation, l’Etat en a crée de nouvelles ; les lesbiennes n’ont pas accès à la filiation aux mêmes conditions que les couples hétérosexuels et il leur faut passer par un notaire avant même la tentative d’AMP pour établir une Reconnaissance Conjointe Anticipée RCA), les excluant ainsi du droit “commun” en vigueur (devant un officier d’état civil dès que la grossesse est confirmée). L’Etat doit mettre fin à cette injustice, l’établissement de la filiation doit pouvoir se faire de la même manière pour tous les couples !
Ces exemples montrent ce que l’invisibilisation et les préjugés produisent dans notre société à travers des textes de lois inachevés ou des normes sociales et culturelles hétérocentrées.
Nommer des parcours de vie pour mieux répondre aux enjeux
Parce que les mots sont l’expression d’une existence et de ce qui fait société, cette journée permet de rappeler que les lesbiennes (cis ou trans) sont à la croisée d’une double discrimination, celle liée au genre et celle liée à l’orientation sexuelle. Pour ces raisons là, les lesbiennes ont longtemps souffert et continuent de souffrir d’un effacement associé et d’une invisibilisation de leurs parcours de vie, ou d’une hypersexualisation vue sous le prisme d’un regard masculin et hétérosexuel. L’utilisation du terme « lesbophobie » est récent et que ce n’est qu’en 2019 que google a changé son algorithme pour que le terme « lesbienne » ne soit plus associée à de la pornographie.
Les femmes (cis ou trans) ne sont pas un sous-groupe d’une communauté républicaine faussement universelle, car essentiellement masculine et patriarcale ni une sous-communauté dans une communauté LGBTI+, surtout empreinte d’une visibilité essentiellement gay. Nommer la lesbophobie, utiliser le terme lesbienne dans les espaces de socialisation, dans les mouvements LGBTI+, et dans les approches politiques sur les différents sujets touchant les communautés LGBTI+, c’est reconnaître les combats, les droits à conquérir, les politiques publiques à construire en direction des femmes lesbiennes.
Les biais sexistes et les marques d’inégalités de genre se retrouvent dans toutes les sphères compris dans l’écriture de l’Histoire de nos sociétés, dans l’espace public, dans les médias, les sphères économiques et politiques. C’est pour cela qu’à HES, nous militons pour la dénomination de noms de rue à des lesbiennes dans nos communes, nous souhaitons également encourager leur visibilité en politique et invitons la gauche et le Parti Socialiste à s’assurer de leur représentation en son sein.
Nous profitons aussi de ce 26 avril pour inciter à la découverte d’une culture lesbienne et de ressources militantes particulièrement foisonnantes actuellement : l’observatoire de la lesbophobie, Gouinement Lundi, label Gouine, Lesbien raisonnable (et tant d’autres) et à la mise en avant des lesbiennes qui entourent chacune et chacun d’entre nous et parce que la visibilité des lesbiennes est un combat éminemment politique, HES LGBTI+ appelle tous·tes les militant·es de l’égalité des droits et de l’émancipation à se joindre aux manifestations et aux évènements organisés à l’occasion et autour du 26 avril.
Belle journée de visibilité lesbienne à toutes !