COMMUNIQUÉ DE PRESSE COMMUN AVEC LE PARTI SOCIALISTE
En ce 1er décembre 2025, journée mondiale de lutte contre le VIH/sida, placée sous le thème « Surmonter les perturbations, transformer la riposte au sida », nous entrons dans les cinq dernières années avant l’horizon 2030 fixé pour mettre fin à l’épidémie. Le monde a les moyens d’y parvenir. La France aussi. Mais pour cela, il faut avoir le courage de faire des choix politiques clairs et déterminés.
Depuis plus de quarante ans, le VIH/sida a provoqué plus de 44 millions de morts. Aujourd’hui encore, près de 41 millions de personnes vivent avec le VIH selon l’Onusida. Il faut le rappeler : grâce aux traitements et au suivi médical, les personnes vivant avec le VIH peuvent mener une vie longue et en bonne santé, avec une espérance de vie désormais proche de celle de la population générale, à condition d’un diagnostic précoce et d’un accès régulier aux soins. Et lorsqu’elles sont traitées, leur charge virale devient indétectable et donc intransmissible.
Cette révolution scientifique — portée par la recherche, les soignants et la mobilisation sans faille des associations de prévention et de lutte contre le sida — rend l’objectif « zéro transmission » réellement à portée de main. Le préservatif, la Prep, la prévention combinée, les traitements antirétroviraux, et bientôt la Prep injectable, dont la France doit garantir un déploiement rapide et une prise en charge totale dès son autorisation, constituent un arsenal de prévention sans précédent.
Mais la politique, elle, n’a pas suivi.
Entre 2014 et 2023, les découvertes de séropositivité chez les 15 – 25 ans ont augmenté de 41 %. Les délais d’accès aux traitements restent trop longs. Les centres de santé sexuelle dédiés aux publics LGBTQI+ demeurent insuffisants. Les connaissances sur le VIH/sida stagnent, voire reculent : selon le sondage Sidaction – IFOP (2023), une majorité de jeunes ne sait toujours pas comment se transmet le virus. Ce déficit d’information nourrit les contaminations autant qu’il alimente la stigmatisation — et la stigmatisation, elle aussi, tue, parce qu’elle éloigne du dépistage, du soin, de la prévention et brise les conditions même de la santé publique.
À cela s’ajoutent des fractures territoriales trop anciennes : dans de nombreuses zones rurales, en Outre-mer ou dans certains quartiers populaires, l’accès au dépistage, aux centres de santé sexuelle, à la Prep ou même à un suivi régulier restent un obstacle majeur. La géographie ne devrait jamais décider de l’accès aux droits et à la santé, et pourtant c’est encore le cas.
Les inégalités sociales aggravent ces réalités. Elles frappent durement celles et ceux que nous devrions au contraire protéger : primo-arrivantes et primo-arrivants, travailleuses et travailleurs du sexe, usagères et usagers de drogue. Pour eux, l’accès aux droits, à la prévention et aux soins est un parcours du combattant. C’est auprès de ces publics que l’action publique doit être la plus forte, la plus simple, la plus accessible.
Nous avons donc besoin de choix politiques clairs, assumés, courageux. Des choix sans tabous, qui ne reculent ni devant les pressions ni devant les offensives de l’extrême droite qui, partout dans le monde — et parfois ici, en France — s’attaquent à l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, à la prévention et aux droits des personnes LGBTQI+. La santé publique ne doit pas être un champ de bataille idéologique : nous refusons de laisser des forces ultra-réactionnaires dicter ce que doivent être la prévention, l’information et l’éducation.
Nous appelons donc à des actions immédiates, ambitieuses et concrètes :
- Rendre le dépistage accessible partout, en renforçant l’offre dans les zones rurales, les quartiers populaires et les Outre-mer.
- Développer massivement le dépistage mobile et de proximité, en lien avec les associations.
- Élargir l’accès à la Prep, en facilitant encore la prescription par les généralistes et dans les centres de santé.
- Déployer la Prep injectable sur tout le territoire et en garantir la prise en charge intégrale par la Sécurité sociale dès son autorisation.
- Renforcer la prévention en allant vers les publics les plus exposés : jeunes, personnes LGBTQI+, travailleurs et travailleuses du sexe, usagers et usagères de drogue.
- Assurer une éducation à la santé sexuelle universelle, inclusive et réellement appliquée dans tous les établissements scolaires.
- Garantir un financement accru, pérenne et pluriannuel des associations de lutte contre le VIH/sida, pilier de la prévention, de l’accompagnement et du plaidoyer.
Enfin, sur le plan international, la France doit retrouver son rôle moteur. Lors de la conférence de reconstitution du Fonds mondial contre le sida, en novembre dernier, elle n’a pris aucun engagement financier, paralysée par les arbitrages budgétaires. C’est un renoncement grave, incohérent avec notre histoire et notre responsabilité internationale.
Nous attendons désormais une contribution à la hauteur de l’ambition de l’Onusida : zéro contamination, zéro décès, zéro discrimination d’ici 2030.
Notre détermination sera totale. Et notre vigilance le sera tout autant.