Le décret d’attribution du nouveau Ministre de l’Intérieur est paru en fin de semaine dernière. La lutte contre les discriminations et la Délégation Interministérielle à la Lutte contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti LGBT (DILCRAH) relèvent désormais de son périmètre d’action. Cela envoie un signal négatif et très inquiétant aux associations de droits humains dont les associations LGBTI+. Bruno Retailleau, ex-​sénateur de Vendée formé par Philippe de Villiers, a combattu le mariage et l’adoption pour tous, la PMA pour toutes, s’est affirmé contre  l’interdiction des thérapies de conversion et contre les droits des personnes trans.

1) Les droits LGBTI attribués à Bruno Retailleau 

A la lecture du décret publié au Journal Officiel, Bruno Retailleau se voit donc confier la lutte contre les discriminations  en raison des orientations sexuelles et des identités de genre, ainsi qu’à l’égard des personnes intersexuées.

Avec ce nouveau gouvernement essentiellement LR et Renaissance, ses passerelles le liant à  l’extrême droite, E.Macron et M.Barnier franchissent une nouvelle étape dans le mépris envers les personnes LGBTI : confier le périmètre des droits LGBTI a un élu passé par “la Manif pour tous” et ayant combattu toutes les avancées pour les droits LGBTI est devenu une affligeante réalité politique. La lutte contre les discriminations ne relève pas du prisme sécuritaire, si ce n’est dans une vision conservatrice et réactionnaire de notre société, entre Meloni et Trump.

Bruno Retailleau a les positionnements d’une droite ultra catholique et fascisante, positionnements qui ont aiguillé tout son parcours politique avec des positions farouchement opposées aux droits LGBTI : contre le PACS, contre le mariage et l’adoption pour tous, contre l’interdiction des thérapies de conversion, pour la loi contre les mineurs trans…

2) Quel avenir pour la DILCRAH ?

Crée en 2012 et placé sous l’autorité du 1er Ministre, la DILCRAH a depuis mission d’élaborer des politiques publiques en matière de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les LGBTIphobies et de suivre en autre les plans nationaux permettant leur mise en oeuvre. La DILCRAH dispose à ce titre de financements lui permettant d’accompagner associations  et projets.

Placer la DILCRAH, qui n’a déjà plus de chef depuis juin, sous la tutelle directe du Ministère de l’Intérieur revient à la priver de sa raison d’exister. Là où, avec d’autres associations de terrain, nous réclamons son  indépendance des moyens humains et financiers supplémentaires, le joug du Ministre de l’Intérieur présage presque la fin de cette institution. La DILCRAH, qui a hélas déjà servi ces toutes dernières années de voie de garage pour macronistes battus dans les urnes, ne peut se penser comme un outil de gestion de l’ordre public et son nouveau périmètre institutionnel est une alerte sévère quant à sa pérennité.

Le décret d’attribution de Bruno Retailleau est une insulte pour les personnes concernées et ses déclarations récentes remettant en question l’intangibilité  de l’état de droit constitue une menace envers les associations LGBTI et nos droits.

Ça n’est vraiment pas par de telles nominations et décisions que la France retrouvera le « top 5 » du classement annuel d’ ILGA-Europe !

La lutte contre les discriminations est un impératif démocratique, surtout au regard de la hausse accrue des haines racistes, antisémites, sexistes et LGBTIphobes dans notre pays et nous ne ne laisserons pas nos droits dans l’impasse d’un Ministre réactionnaire.