Le gouvernement de Rishi Sunak, conservateur, a choisi d’utiliser des techniques légales de blocage d’une loi votée à une très large majorité par le parlement écossais dirigé par la gauche. Une manœuvre transphobe qui démontre le jeu politicien avec la transphobie.

86 voix pour et 39 contre. C’est par ce vote, où la totalité des groupes politiques du parlement écossais ont eu des membres qui se sont prononcées pour la loi, que la GRR bill (gender recognition reform bill : loi de réforme de la reconnaissance du genre) a été adoptée par le Parlement d’Écosse. Elle permet d’améliorer le changement de genre à l’état civil, de le rendre possible à partir de 16 ans, elle supprime le besoin d’une reconnaissance médicale de « dysphorie du genre »  pour ce changement (ce que la loi française de 2016 a permis). 

Les associations trans s’étaient prononcées en faveur de cette loi. Une loi qui a fait se lever une campagne transphobe, avec diffusion de mensonges, à l’image de celle que nous devons affronter en France depuis plusieurs années maintenant.

La droite attaque les trans en attaquant le vote du parlement écossais 

La loi a donc été votée par des parlementaires du SNP (Scottish national, party : le Parti indépendantiste écossais, de gauche), du Labour (le Parti travailliste), des Libéraux ‑Démocrates (centristes), des Verts et des Tories (le Parti conservateur). La grande majorité, quand ce n’est pas la totalité, des parlementaires des partis de gauche se sont prononcés pour le texte et de nombreux parlementaires de droite et du centre ont également voté pour. 

Le gouvernement conservateur, une fois le vote passé, a choisi d’indiquer que cette loi contrevenait, selon lui, à des dispositions légales en vigueur dans tout le Royaume-​Uni. Il a alors enclenché une procédure spéciale, pour la toute  première fois, contre le parlement écossais. C’est une première dans les relations institutionnelles entre le Royaume-​Uni et un gouvernement local. 

Ce choix d’une stratégie techno-​procédurière uniquement pour contrer une loi votée démocratiquement, dont le fond déplait, révèle la profonde transphobie de la droite britannique.

Une arme politique inédite, uniquement dégainée contre les trans 

La Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon, de gauche, a vivement rejeté les arguments légaux du gouvernement britannique et estimé qu’il utilisait les personnes trans comme une arme  politique contre l’Écosse : « c’est un jour noir pour les droits des trans et pour la démocratie au Royaume-​Uni. »

Ce choix évident du gouvernement conservateur, dont la majorité n’a cessé de changer de Premier ministre depuis quatre années, au gré de toutes les crises politiques qu’il traverse, illustre bien la cible peinte sur la tête des personnes trans. En choisissant de reprendre les mensonges transphobes et d’entretenir les paniques morales lancées sur la transidentité, les conservateurs, une fois de plus, démontre le danger qu’ils représentent pour les personnes LGBTI et leurs droits.

En France comme au Royaume-​Uni, on ne peut accepter que des affabulations puissent avoir le droit de cité dans les débats publics. On ne peut accepter que la négation du vécu des personnes permettent de les injurier et de s’en servir comme une variable d’ajustement des positions politiques.

Les droits des personnes LGBTI ne peuvent se diviser ni se distinguer des droits humains. La gauche et les écologistes seront les premiers à défendre les droits des personnes trans et à rejeter les délires proférés dans l’espace public, avec trop peu de réactions hélas…

Tout humaniste qui sait écouter les associations LGBTI voit les discours et représentations à l’œuvre sur les personnes trans, et le danger qu’elles font peser sur la vie de ces personnes. C’est un discours en tout point identique aux attaques contre les gays et lesbiennes qu’il a fallu supporter, il y a des années, et qu’il faut encore supporter.

HES ne tolérera pas que ces galimatias soient diffusés ou repris, et que des postures ou affirmations dénuées de fondement scientifique viennent cliver à gauche sur le droit des trans.