afin « Est-​ce l’espoir ou la peur qui l’emporte chez les personnes LGBTI en Europe ? », avec ce titre accrocheur, l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne délivre des chiffres intéressants sur la vie des personnes LGBTI en Europe. Car l’enquête porte non seulement sur les 27 États membres, mais aussi sur le Royaume-​Uni, la Serbie et la Macédoine du Nord. Ces 2 derniers pays étant des candidats officiels à l’entrée dans l’Union…

Une enquête qui est une mise à jour de celle de 2012 et de 2019, et dont les résultats ont globalement peu évolué.

Des données précieuses… pour avancer !

L’enquête démontre notamment que, parmi les personnes répondantes, des situations de violences subies, de mal-​être ressenti, de harcèlement ou de discrimination sur le lieu de travail ou dans un espace public sont toujours bien présentes.

53 % sont peu ou pas affichés ouvertement comme LGBTI. 61 % ne se tiennent pas la main en public, 58 % ont indiqué avoir subi un harcèlement, une discrimination dans les 5 dernières années, 10 % les ont signalés à la police. 11 % ont été physiquement ou sexuellement agressés dans les 5 dernières années. Et sur les 12 derniers mois, 38 % ont été harcelés.

Ces données comportent des variations importantes selon les pays étudiés. Ils doivent permettre de militer, car ils sont autant d’arguments pour avancer, au sein de l’UE, avec les mécanismes et les possibilités d’action qui sont possibles au sein des institutions.

En France, l’enquête révèle que 72 % des LGBTI se retiennent souvent ou s’interdisent de se tenir la main en public. La lutte pour les droits passe aussi par une visibilité dans l’espace public, une présence qui sera d’autant plus forte lorsqu’elle deviendra banale et oubliée…

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La situation en France dans la moyenne des 30 pays

Pour 32 % seulement, le gouvernement mène une lutte efficace contre les discriminations. Au sujet des violences, ce sont 39 % qui indiquent avoir été harcelés l’année passée, et 14 % attaqués dans les 5 années précédant l’enquête, 2 chiffres à chaque fois supérieurs à la moyenne européenne. Mais seulement 15 % ont contacté la police et 14 % ont fait part de leur agression ou discrimination subie à un organisme de défense des droits ou une association.

Au travail aussi, 20 % des répondants précisent qu’ils se sont sentis victimes de discriminations à leur poste, la moyenne de l’UE est de 21 %.

Éducation, santé, des champs à investir aussi !

Sur l’école et les jeunes LGBTI, l’enquête propose également des données et des pistes de travail qui doivent être prises en compte par les autorités tant nationales qu’européennes.

Mais il y a aussi de précieuses données sur la santé mentale et physique des personnes, afin d’intégrer cette dimension aux mesures de santé publique, et plus largement et fortement qu’à travers la seule prévention ou la santé sexuelle. Les mesures discriminatoires, les environnements de travail, scolaire, toutes les situations où la violence et le harcèlement peuvent avoir lieu, ont des conséquences directes sur la santé des personnes LGBTI.

Les droits, les dispositifs légaux, juridiques, réglementaires qui font des LGBTI des citoyen·ne·s à part entière et permettent la lutte contre les discriminations, sont des instruments de l’égalité et qui agissent sur la santé et le bien-être !

Des disparités réelles entre les personnes LGBTI+

Dans toutes les données présentes dans l’enquête, aucune n’est moins pertinente que les autres. Elles sont toutes propices à des réflexions et actions pour améliorer la vie des personnes LGBTI, par le droit et l’action de la force publique. Mais elles permettent aussi de saisir les réalités variées selon les profils des personnes LGBTI.

Tout au long des réponses aux questions posées, on voit des distinctions nettes qui font des personnes transgenres ou intersexes des personnes davantage touchées par le harcèlement, les violences, la discrimination et l’invisibilisation.

À titre d’exemple, pour le harcèlement sur les 12 derniers mois la moyenne des LGBTI de l’UE est de 38 % et pour les personnes trans, c’est 48 %. 30 % cachent leur identité LGBTI à l’école, c’est 40 % pour les personnes transgenres et intersexes. De même, si 37 % en moyenne ont vécu une discrimination dans l’année écoulée, cela monte à 55 % pour les personnes transgenres et 59 % pour les personnes intersexes…

Ces indicateurs doivent faire partie des données prises en compte par les associations LGBTI généralistes dans leur travail auprès des publics et organisations qu’ils rencontrent. Ils doivent aussi être intégrés par les acteurs publics qui doivent pouvoir profiter de l’expertise et des travaux menés par les associations transgenres et intersexes afin de saisir les enjeux de leurs travaux et leurs revendications.

L’Agence des droits fondamentaux propose un outil pertinent qui permet de naviguer dans les résultats de cette enquête pour en découvrir toutes les données avec de nombreux filtres.