Le 25 novembre est la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Elle mobilise davantage chaque année, permettant aux mouvements de libération de la parole des victimes de gagner en visibilité. Le mouvement d’émancipation des LGBTI, qui partage tant, historiquement, face au vieux patriarcat machiste, avec les mouvements féministes, ne doit absolument pas échapper à cette mission majeure.

Les violences à l’égard des femmes touchent tous les milieux

En France, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de la personne censée partager sa vie et l’aimer, ou d’une ancienne relation. C’est un constat sidérant et un bilan d’échec qui doit nous interpeler tous. Pour cette majorité LREM également, qui a tant joué de la communication sur les femmes pour de bien trop minces résultats « dans la vraie vie ».

L’objectif doit bien être d’éradiquer ces violences et, entre temps, de protéger les victimes en neutralisant les agresseurs. Et dans la quasi-​totalité, ce sont des hommes. C’est un constat qu’il faut dire et redire, tant il démontre ce qu’est un système et les violences qu’il génère, les silences qu’il impose, et les changements qui s’imposent.

Une enquête de l’Ined, évoquée par Libération, démontre que les lesbiennes et les femmes bisexuelles sont bien plus touchées par les violences de genre. Au croisement de leur genre et de leur orientation sexuelle, celles-​ci sont touchées de plein fouet par la violence hétéronormée et de fait lesbophobe. Ces chiffres, premiers dans leur approche intersectionnelle, permettent de montrer scientifiquement la réalité des violences que les femmes LBT dénoncent depuis longtemps. Ce sont des données qu’il faut prendre en compte pour des politiques publiques réalistes et étayées pour la lutte contre les discriminations.

Des violences intraconjugales présentes partout

Dans les couples de lesbiennes, de femmes trans ou de bisexuelles, la violence existe aussi parfois. Il ne faut pas nier les violences intraconjugales, d’où qu’elles proviennent.

Violences sexistes et sexuelles, féminicides… nous sommes face à des records ces dernières années. Le bilan accablant d’un gouvernement manipulant ses promesses non tenues et usant d’une communication à tout crin sans, hélas, avoir atteint les résultats attendus.

Les hésitations répétées, les erreurs manifestes et revirements nombreux de Macron face à la Covid-​19 ont aussi fragilisé certaines femmes et rendu plus compliquée l’application de mesures de protection et de soutien. Les violences intraconjugales et intrafamiliales (comme les violences anti-​LGBTI d’ailleurs) ont augmenté durant ces derniers mois, dans comme hors confinement, toutes les structures de terrain l’ont confirmé.

Les réponses de l’État sont trop molles : en France, on compte à peine 4 000 ordonnances de protection délivrées, contre plus de 20 000 en Espagne. Il faut rapidement démultiplier cet outil et créer aussi de nouvelles places d’hébergement d’urgence pour ces femmes (et leurs enfants si elles en ont) pour être au niveau. On ne peut que regretter que le « Grenelle des violences conjugales », n’ait pas donné de débouchés plus concrets, reconnus par les associations.

Écouter et protéger les victimes

Les femmes victimes et survivantes doivent être protégées dans les meilleurs délais par les pouvoirs publics, et la personne qui menace ou agresse doit être rapidement éloignée de sa cible et interdite de s’en approcher, en utilisant si besoin les technologies modernes (téléphone mobile, bracelet électronique…). La présence d’enfants, ou l’existence d’un lien dans le couple (PACS, mariage) ne doit pas être un frein à la mise à distance (à minima) du père, mari, partenaire…

Pour la protection des femmes, le numéro d’appel 3919 est une première ligne d’aide (ou le 114 par SMS). Et nous rejoignons l’appel pour que ce numéro reste géré par la structure associative actuelle, à contrario de ce que veut faire ce gouvernement. Il faut des écoutant·e·s formé·e·s, une expertise fine et une vraie empathie pour la gestion de ces cas. On voit mal comment le changement avec la frénésie – tournée en ridicule — des numéros verts comme seule proposition de ce gouvernement pourrait aider les femmes face aux « cogneurs ». Ils sont parfois confiés à des entreprises pour lesquels ces sujets sont interchangeables…

Protéger toutes les femmes, y compris les TDS

Les travailleuses du sexe (TDS) restent des cibles très faciles et précarisées par les lois pseudo-​abolitionnistes qui ignorent la réalité du terrain. Aussi bien les différentes associations et syndicats de TDS, que des ONG reconnues, comme — Aides, Médecins du Monde — continuent d’alerter sur des choix politiques démagogiques, mortifères et dangereux.

Avec le confinement, ces dangers ont été exacerbés. Les violences auxquelles sont soumises les TDS ont crû. Quelle que soit la position que l’on puisse avoir sur la prostitution ou le travail du sexe, il est vital de protéger celles qui le pratiquent. Prendre en considération les situations des TDS, reconnaitre les risques accrus posés par des législations dangereuses et tenir compte de cette population lors de la mise en place de plans d’aide et de soutien semblent une évidence. Cela reste encore oublié…