L’ultime classement de la France du quinquennat Macron 2017 – 2022 par l’ILGA Europe illustre une augmentation évidente, mais purement arithmétique. Elle arrive près des années interminables de chute et d’absence totale de boussole pour les droits LGBTI. La France revient donc in extremis à la 7e place avec un score de 64 %, chiffre en deçà de celui qu’elle avait en 2017.
Dans le nouveau classement diffusé par l’ILGA Europe ce 12 mai, la France obtient donc la 7e place parmi les 49 autres pays d’Europe auscultés pour l’année 2021 avec le score total de 64 % dans le remplissage des critères que l’ILGA Europe établit.
La France avait pourtant atteint la 5e place du classement en 2017 (sous la gauche) et totalisé jusqu’à 73 % de remplissage des critères. Ce qui n’aura jamais été retrouvé depuis…
Alors que la France ne connaissait qu’une longue succession d’interminables dégringolades toutes plus compréhensibles les unes que les autres depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron et de sa majorité LREM, l’ultime année du mandat est donc marqué par des « gains techniques » au classement ILGA Europe avec des mesures pros LGBTI+ qui n’ont que trop tardé.
Il aura donc fallu tout un quinquennat avant que la France ne reprenne enfin des couleurs au classement réalisé par des associations européennes pour la défense des droits LGBTI. Cet héritage est une honte pour une majorité qui continue encore de se présenter comme progressiste et qui revendique encore de se voir reconnaître comme défenseuse des droits LGBTI.
Les discours, les actes, les changements d’avis, les revirements, les mensonges avérés, les stratégies électoralistes… C’est toute cette longue succession de faits survenus ces 5 dernières années qui démontre une chose et une seule : les droits LGBTI ne sont, pour la majorité macroniste sortante, qu’un paramètre utilitariste, un joker médiatique au sein de stratégies électorales, et en aucune manière un élément fondamental dans leur approche du progrès social et civique indispensable dans notre pays.
Les raisons – mathématiques – de ce saut au classement
Citées expressément par l’Ilga Europe, les raisons qui permettent à la France de – enfin ! – progresser sont la loi contre les thérapies de conversion, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes et la fin de la période d’abstinence pour les dons du sang des HSH :
France passed a ban on conversion therapies, lifted bans on blood donation, and adopted a law on medically assisted insemination
Quel désespoir… Parmi les 3 sujets cités : l’interdiction des thérapies de conversion s’est faite parce que le gouvernement et la majorité auront reculé, refusé (en mentant, même) et annulé à plusieurs reprises le projet. Il aura fallu toute la mobilisation des associations et la dénonciation des retournements de vestes des ténors LREM pour que la loi soit enfin programmée et votée.
La fin de la période d’abstinence pour le don du sang des HSH est le résultat des différents projets de loi venue de l’opposition de gauche, du député PS Hervé Saulignac notamment, qu’un gouvernement en mal de triangulation et de réelles avancées légales pour les droits LGBTI en fin de mandat a fait passer en début 2022 !
Enfin, l’ouverture tant attendue de la PMA à toutes les femmes s’est traduite par une loi bioéthique votée seulement l’été dernier après des rejets, des annulations, des reports en série, des temporisations insupportables, de la part du gouvernement et des discours, des déclarations honteuses venues des rangs mêmes de la majorité de Macron pendant plusieurs années.
Le parcours de combattantes des lesbiennes pour avoir leur PMA demeure trop long et pénible : certaines sont refusées alors qu’elles n’ont que 40 ans et, à date de décembre 2021, une seule grossesse de lesbienne grâce à une PMA « Made in France » était en cours !
Le si tragique circuit de cette loi et ce qu’elle est devenue sous les coups de boutoir des réactionnaires et conservateurs de tous poils est en lui-même une mise en abyme de ce qu’est Renaissance-LREM…
5 ans de perdus pour les droits LGBTI
Ce classement vient sanctionner le quinquennat Macron, symboliquement ouvert par les discours énamourés du président aux évêques catholiques et qui se sera finit par une France toujours pas au niveau où elle était arrivée en 2017, ni dans le score ni dans le classement.
Ces 5 années auront été l’occasion de voir à quel point les réactionnaires constituaient l’épine dorsale d’un macronisme qui aura préféré le libéralisme et la brutalité.
Les seules véritables avancées, pourtant bien maigres, ne se sont produites que dans les ultimes mois d’un quinquennat qui n’aura cessé de démontrer son peu d’attachement à la réelle application de notre devise républicaine.
Droits et sujets LGBTI+ : le triste bilan de 5 années de macronisme #LGBT #LGBTIhttps://t.co/eoANH0QtCN
— HES LGBTI+ 🏳️🌈 🤝 (@HES_France) April 5, 2022
Quels droits LGBTI d’ici 2027, alors qu’aucun engagement nouveau du candidat Macron n’a été pris pendant la campagne 2022 ?
Aujourd’hui, alors que commence le second quinquennat d’Emmanuel Macron, et que la perspective des élections législatives de juin ne permet pas de savoir quelle majorité conduira la France dans les 5 prochaines années, on ne peut que se poser la question de ce qui va arriver pour les droits LGBTI dans notre pays.
Les quelques avancées sous Macron, bien trop tardives, maigres et très mal conduites, charriant un lot de discriminations inacceptables, qui ont été obtenus presque à chaque fois en allant contre la majorité et ce gouvernement, ne laissent que peu d’espoir pour que de véritables avancées rapides et nettes dans l’avenir proche en France.
La campagne de 2017 avait été marquée par l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, et le candidat Emmanuel Macron de l’époque s’était alors engagé avec tous les effets matamoresques possibles à faire bien mieux que son prédécesseur pour les droits LGBTI. Cela ne fut guère réalisé, comme ces 5 classements successifs le prouvent.
Que peut-on espérer obtenir d’une majorité macroniste aux ordres, alors qu’absolument aucun sujet LGBTI n’a marqué la vraie-fausse campagne de 2022 ? S’estimant déjà si peu tenu par les promesses du candidat qu’il était, qu’il avait même fait voter l’inverse de ce qui avait été promis, suite aux multiples condamnations de la France sur ce sujet, pour la retranscription de l’état civil des enfants nés par GPA.
Des sources d’inquiétudes réelles et profondes pour les droits LGBTI
On ne peut qu’être inquiet du vide total que vont représenter les 5 prochaines années puisque absolument rien n’a été défendu par ce candidat pour des avancées légales contre les discriminations et pour les droits des personnes LGBTI.
Et ce qui nous rend aussi plus qu’inquiets, ce sont les propos absolument dévastateurs que le candidat Macron a pu tenir. En reprenant les propos caricaturaux d’opposants aux droits LGBTI, alors qu’il est interrogé par Brut avant le premier tour de l’élection présidentielle et qu’il indique qu’il ne faut pas parler des sujets LGBTI à l’école.
Un nouveau palmarès montrant les avancées poussées par les gouvernements sociaux-démocrates en Europe
Il est intéressant de noter qu’encore une fois, Malte détient la première place du classement d’ILGA-Europe avec de nombreuses politiques publiques construites avec la communauté LGBTI+. La récente reconduction d’un gouvernement travailliste laisse croire que Malte continuera à mettre en œuvre des politiques progressistes dans ce domaine et promouvoir cela auprès des autres États membres. HES espère également que ce nouveau mandat sera aussi d’une avancée significative pour les droits sexuels et reproductifs des femmes maltaises, laissés malheureusement sans grande avancée.
Le Danemark au second rang de ce classement est également dirigé par un gouvernement social-démocrate, et nous pouvons compter sur de nombreux ministres engagés dans la lutte LGBTI+ depuis de nombreuses années pour que des réformes progressistes continuent à voir le jour. Le gain de 7 places est remarquable avec des actions concrètes pour combler les vides juridiques relatifs à la lutte contre les discriminations au niveau de la santé, éducation, emploi, accès aux biens et services et l’inclusion de l’orientation sexuelle, identité de genre, expression de genre et caractéristiques sexuelles comme facteurs aggravants pour les crimes de haine.
La 3e place est occupée par la Belgique, également où les socialistes francophones et néerlandophones sont présents au gouvernement fédéral.
On notera également que la Pologne, dernier des pays de l’Union, et la Hongrie occupent toutes les deux des places peu enviables dans ce classement, mais la situation en Bulgarie et Roumanie est également à surveiller de près. HES s’efforcera de continuer à mettre la pression sur les partis frères dans ces pays, pour qu’ils puissent eux aussi participer à l’amélioration des droits dans l’Union.