Aujourd’hui, la Cour suprême du Royaume-​Uni a tranché : les femmes transgenres ne seront plus légalement reconnues comme des femmes dans certains contextes, notamment dans les services et instances non mixtes. Cette décision fait suite à un long processus judiciaire porté par des organisations TERF, courant féministe transphobe et conservateur, et soutenues par les forces les plus conservatrices du pays, opposées au gouvernement Ecossais.

Cette décision est très grave. Elle constitue un recul majeur, sans aucun recours possible, pour les droits des personnes trans au Royaume-​Uni. Elle revient à légitimer leur exclusion, à nier leur dignité, et à fragiliser encore davantage leur accès à des services essentiels – hébergements d’urgence, soins de santé, protection contre les violences sexistes et sexuelles.

Nous dénonçons une attaque frontale contre les droits humains et les principes d’égalité.

Cette jurisprudence, en niant aux femmes trans leur statut de femmes, même après avoir obtenu un certificat de reconnaissance de genre, alimente la transphobie institutionnelle. Elle appuie l’idée réactionnaire selon laquelle l’identité de genre serait une menace ou une imposture. C’est inacceptable.

S’attaquer à la définition des femmes est dangereux pour toutes les femmes. Derrière l’illusion d’une protection, ce que nous voyons à l’œuvre est une stratégie politique de division et de régression. Les politiques transphobes ne protègent pas les femmes, elles servent de cheval de Troie aux offensives patriarcales. Ce que nous vivons aux États-​Unis en est la démonstration claire : les États qui ont commencé par interdire les soins de transition ou par exclure les femmes trans des espaces publics sont aussi ceux qui restreignent aujourd’hui le droit à l’avortement, à la contraception, ou à l’éducation sexuelle. S’en prendre aux personnes trans, c’est ouvrir la voie à une attaque globale contre les droits des femmes.

Nous affirmons haut et fort que les femmes trans sont des femmes. Leur existence n’est pas une opinion ou un débat juridique : c’est une réalité sociale et humaine.

Dans un contexte européen où l’extrême droite et les idéologies réactionnaires gagnent du terrain, cette décision est un signal inquiétant. Elle fait écho aux offensives transphobes en Hongrie, en Italie ou en Pologne, mais aussi aux tentatives, en France, de remettre en cause l’autodétermination de genre ou l’accès aux transitions sociales pour les mineur·es trans.

Face à cela, HES LGBTI+ apporte tout son soutien aux personnes trans du Royaume-Uni.
Nous saluons le courage des militant·es, associations, syndicats et élu·es travaillistes, progressistes, et de toute la gauche, qui, là-​bas, se battent pour les droits des personnes transgenres dans un climat de haine et de désinformation.

Nous réaffirmons avec force nos engagements : nous défendons le droit fondamental à l’autodétermination de genre, qui doit permettre à toute personne de changer son état civil librement, gratuitement et sans condition médicale ou judiciaire. Nous militons pour un accès universel à des soins de transition éthiques, bienveillants, remboursés, pensés avec et pour les personnes concernées. Nous exigeons la reconnaissance des violences spécifiques vécues par les personnes trans et leur pleine intégration dans les politiques publiques de lutte contre les discriminations et les violences sexistes et sexuelles. Et nous revendiquons une véritable éducation à la diversité des identités de genre, à l’école comme dans l’espace public, afin de déconstruire les préjugés et bâtir une culture commune de respect et d’égalité.

À l’heure où les conservateurs cherchent à diviser les mouvements féministes et LGBTI+, nous opposons notre solidarité et notre unité. Il ne peut y avoir de féminisme sans les femmes trans. Il ne peut y avoir de gauche digne de ce nom sans combat clair pour les droits des personnes transgenres.