L’école est le lieu de l’enseignement, de la rencontre avec les autres et de l’apprentissage du vivre ensemble. Elle ne peut pas être un lieu de discriminations et de haine anti-​LGBTI+ et doit proposer un cadre inclusif à tou·te·s les élèves et leurs familles. Ainsi, la lutte contre les discriminations (LCD) passe par un apprentissage dès le plus jeune âge pour déconstruire les stéréotypes et permettre de développer un esprit critique. L’école – avec les enseignements dispensés et les enseignants –, les élèves et leurs structures – associations et syndicats – et les parents d’élèves sont des actrices et acteurs de la lutte contre les discriminations et doivent être facteurs d’inclusion. 

Au sein des programmes scolaires et des contenus auxquels les élèves ont accès, il apparait évident que la réalité historique des questions dénommées LGBTI+ de nos jours, sur l’identité de genre ou sur l’orientation sexuelle d’un personnage historique ou culturel, et du rôle que cela a joué dans sa création artistique, dans ses décisions politiques, dans son rapport 

La lutte contre les discriminations et pour l’inclusion des LGBTI+ doit aussi s’occuper à la fois des élèves et étudiants LGBTI+ et de leur famille. Et cela doit aussi être le cas pour les personnes LGBTI+ de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur, où le rôle d’employeur de l’État doit être exemplaire.

Les sujets et thématiques LGBTI+ au sein de l’éducation recouvrent des champs très larges. Depuis les programmes scolaires, jusqu’à la lutte contre le harcèlement, en passant par l’information sur les situations LGBTIphobes et la prévention des actes et discours, les actions à mener sont nombreuses et couvrent des situations diverses. Il faut aussi intégrer que, pour les différentes parties des acteurs du milieu scolaire, des actions différentes, avec des implications différentes, de la part de l’État et de ses services sont à effectuer.

HES propose :

  • Définir un groupe de travail continu au sein du ministère de l’Éducation nationale, en lien étroit avec celui de l’enseignement supérieur et de la Recherche, sur les questions LGBTI.
  • Intégrer les syndicats d’enseignants, de dirigeants d’établissements, et d’élèves et étudiants, au sein de ce groupe de travail.
  • Organiser, au sein de chaque académie et dans les régions académiques, les académies, les directions départementales des services de l’éducation nationale (DSDEN), un réseau de référents LGBTI, aptes à pouvoir mailler la totalité des établissements scolaires avec un·e référent·e sur ces questions, avec une partie du temps de travail dédiée.
  • Proposer régulièrement et pour chaque degré et niveau, des campagnes d’information sur les sujets LGBTI+, selon les enjeux soulevés par le groupe de travail.
  • Définir une politique nationale pour les interventions en milieu scolaire d’associations reconnues. Celle-​ci doit viser à les favoriser et à éviter les disparités de traitement selon la localité et les directions des établissements. Elle devra veiller, en outre, à ce que les aides et subventions par les comités ou délégations interministérielles, par le ministère de la Jeunesse et des Sports, ou des Solidarités permettent la considération à leur juste niveau des actions réalisées en milieu scolaire par ces associations.
  • Permettre à tout parent ou tuteur légal de désigner un·e autre adulte afin que cet adulte ait les mêmes responsabilités vis-​à-​vis de l’enfant, pour l’administration scolaire et le périscolaire, sur simple déclaration écrite.
  • Faire des journées de sensibilisation sur les sujets LGBTI+ (comme la journée du 17-​mai) des temps reconnus et promus par le ministère et les services académiques pour des actions éducatives et pédagogiques sur les sujets LGBTI+ au sein des établissements. Ils seront déclinés selon la classe d’âge et les enjeux locaux déterminés par la communauté pédagogique avec le ou la référent·e LGBTI+.
  • Éliminer des manuels scolaires les « stéréotypes susceptibles d’alimenter les discriminations » (délibération no 2008-​218 du 27 octobre 2008 de la Halde)
  • Organiser, avec les collectivités, la révision des cours de récréation dans une perspective « dégenrée » afin de permettre une diversité des usages, d’offrir un espace de rencontre et d’activité à tous les élèves, afin d’éviter les exclusives. Par exemple, il faut en finir avec la centralité unique de terrains de sports (très majoritairement de football) qui sont souvent monopolisés par les garçons, et dont il est attendu des garçons par leurs pairs qu’ils y participent.
  • Faire intégrer dans les mutuelles et les assurances scolaires ou universitaires qui proposent la « responsabilité civile » et « garantie individuelle accidents » (comme la MAE) ainsi que les régimes complémentaires étudiants à élargir leur panier de soins au soutien psychologique adapté (en cas de harcèlement, « outing », chantage, « revenge porn ») et proposer des modalités de mise à l’abri d’urgence garantie au moins 4 mois pour les élèves assuré·es (exemple : parents qui mettent leur enfant dehors, car LGBTI+), même si l’État ou les collectivités locales ne faisaient rien.
  • Contrôler que la totalité des formulaires (fiches de renseignement et autres systèmes d’inscription papier comme informatique/​web du secteur de l’Éducation, cantine, bourse, projet culturel, visites, voyage) laisse les champs « parents » avec la libre mention du sexe des deux parents, et non « M. et Mme ». 
  • Aucune sanction, ou rétorsion ne saurait exister pour des engagements de personnels de l’Éducation nationale sur les sujets LGBTI, y compris de manière publique, dans leur vie personnelle, syndicale ou associative.
  • Sanctionner les mesures prises contre les personnels (ou les élèves) de la part de directions d’établissement parce qu’ils arboraient des « symboles LGBTI+ » (arc-​en-​ciel, couleurs présentes sur des drapeaux LGBTI+) en prenant prétexte d’atteinte au devoir de neutralité.

Sur Twitter : Une enseignante sanctionnée pour avoir porté un masque arc-en-ciel

Chez les jeunes LGBTI+, les harcèlements – liés aux réseaux sociaux – et les conduites à risques – alcools, drogues, suicide – sont plus fréquents. Pour définir des pistes de réduction des risques et un plan de formation – à la fois initiale et continue –, l’ensemble des acteurs de l’éducation doit définir des objectifs communs qui peuvent s’articuler sur trois axes majeurs :

  • Le harcèlement scolaire : harcèlement de groupe/​meute avec de nombreux suiveurs sur le chemin de l’école et aux alentours (arrêt de bus). Parmi les signes de harcèlement, on trouve : un changement brutal de comportement une chute des résultats et la fuite de l’école. Pour une approche globale, il faut prendre en compte les « 6 C » : chemin, classe, cour, cantine, commodités et couloir.
  • Le sport scolaire : il est une source de moqueries, de violences et de souvenirs douloureux pour les jeunes LGBTI+. Il faut briser les logiques d’isolement ou les moqueries notamment dans le cadre de sports d’équipe et refuser que le sport soit vu ou vécu comme un lieu à part s’affranchissant des règles du vivre ensemble.
  • La prise en charge sanitaire : elle nécessite que les moyens dévolus aux infirmeries scolaires soient révisés à la hausse. Elles connaissent des problèmes conséquents dus à la pauvreté en moyens humains et matériels, obligeant les agents à couvrir différents sites. La faiblesse des nombres de postes, de médecins scolaires et d’infirmières a un impact sur les amplitudes horaires de ces lieux.

Ces objectifs impliquent les acteurs suivants : le Haut conseil des programmes et les Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INSPE) et Instituts supérieurs de formation de l’enseignement catholique (Isfec ; les syndicats de professeurs, les associations et syndicats d’élèves, les associations de parents d’élèves, et de personnels périscolaires les services du ministère de l’Éducation nationale, et les associations LGBTI+ compétentes – dont le Collectif éducation contre les LGBTIphobies en milieu scolaire.

HES propose : 

  • Faire remonter par les rectorats les chiffres sur les accidents et incidents d’harcèlement liés aux LGBTI+ ainsi que sur les tentatives de suicide pour avoir des statistiques annuelles solides. La systématisation de cette récupération de données doit être organisée et centralisée par le ministère de l’Éducation nationale pour définir des politiques adéquates. 
  • Mener une campagne d’affichages visibles et pérennes dans les lieux de passage (entrée des établissements, bibliothèque, cantine/​réfectoire) renvoyant sur les numéros d’appel, sites officiels et associatifs reconnus qui renseignent et agissent contre le harcèlement (SOS Homophobie, MAG-​Jeunes LGBT). 
  • Mettre à disposition une liste publique d’ouvrages, de brochures/​guides sur les questions LGBTI+ dans les Centres de documentation et d’Information (CDI). 
  • Augmenter le nombre de personnels formés contre les LGBTIphobies dans les infirmeries scolaires et faire qu’elles soient ouvertes dans tous les collèges et lycées au moins 3 jours par semaine pour qu’elles deviennent un vrai « espace sûr » pour les jeunes LGBTI+ harcelés ou agressés. Elles doivent avoir une adresse mail connue de tous les élèves.
  • Exiger que les critères de recrutement pour les infirmier·e·s des établissements privés sous-​contrat soient identiques à ceux des établissements publics régis par un cahier des charges clair.

Aussi bien pour le suivi sanitaire et l’accès à des ressources de prévention des élèves, le rôle de la médecine scolaire est important. Pourtant celle-​ci est largement sous-​dotée, et le manque de moyens a un impact direct sur la capacité des élèves à vivre correctement leur scolarité, et leur adolescence, lorsque ceux-​ci ont besoin de réponses à une question de santé.

La disponibilité de professionnels de santé est un impératif pour que les élèves puissent, selon leurs besoins, en fonction d’une situation plus ou moins grave dans laquelle ils se retrouvent. Ils doivent être présents en heure et en nombre suffisants afin d’être à la fois un endroit facilement accessible et délivrer les conseils, soins, informations nécessaires aux élèves.

Son absence empêche aussi les équipes éducatives de pouvoir donner une réponse correcte lorsqu’elles constatent des besoins d’information, de prévention, ou d’accompagnement à apporter à des élèves. Les professionnels de santé présents dans les établissements sont aussi les plus à même de comprendre les logiques à l’œuvre dans ces établissements, les risques et les problématiques locales particulières. Ils seront les plus efficaces pour aider les directions d’établissements à mettre en place des actions de prévention, des journées de sensibilisation et travailler avec les élèves et leurs représentants et leurs associations.

HES propose :

  • Faire du recrutement et de la création de postes de professionnels de santé dans les établissements publics, une des priorités en santé et une constante par la suite.
  • Organiser dans un premier temps la présence de médecins scolaires et d’infirmier·ères, par districts au moins ou, au pire, des bassins de formation au sein des DSDEN, pour une présence sur le terrain au plus près des besoins.
  • Organiser, dans les académies, une structure supervisant la présence effective et la répartition correcte de professionnels de santé dans les établissements publics, d’assurer leur formation, de récupérer les données statistiques sur les interventions réalisées selon le sujet, le genre, la classe d’âge, afin d’affiner les moyens alloués et de réfléchir aux actions à mener selon les besoins constatés.
  • Former tous les intervenants de la médecine scolaire (et du médicosocial et paramédical) sur les enjeux LGBTI+ (psychologue, infirmier·ère·s, assistant·es sociaux, médecins).
  • Organiser des temps de rencontre entre les professionnels de santé scolaire et les représentants des élèves chaque année pour créer un contact et établir une relation de confiance.

Sur le terrain (Source : Crips Île-de-France) :

  • 1 personnel infirmier pour 1 300 élèves.
  • - 15 % de médecins scolaires entre 2013 et 2018 et un tiers des postes est vacant.
  • Moins d’un enfant sur cinq bénéficie de la visite médicale de la 6e année,
  • 62 % des élèves bénéficient du bilan infirmier de la 12e année,
  • 1 médecin pour 2 500 élèves.
 

L’ensemble des établissements éducatifs, y compris privés sous et hors contrat, doivent mettre en place un traitement des questions LGBTI+ dans les programmes scolaires et des formations du personnel (enseignants et non-​enseignants), un accueil inclusif de tou·te·s les élèves, une intégration des œuvres traitant positivement des LGBTI+ et une politique de ressources humaines respectant les personnels LGBTI+.

HES propose :

  • Garantir les moyens humains et financiers nécessaires aux services de l’État pour contrôler que les enseignements dispensés dans les établissements sous et hors contrats proposent le socle commun de connaissances, notamment historiques et scientifiques, défini par l’éducation nationale. Les questions et sujets LGBTI+, en fonction de chaque âge et niveau, ont toute leur place dans ce socle commun.
  • Tout le secteur privé hors contrat confessionnel ou non doit être contrôlé régulièrement pour y détecter et faire cesser, le cas échéant, les mauvais traitements et les actions illégales contre les personnes et discours de haine.
  • L’État doit se doter des moyens techniques et humains de faire fermer les établissements qui auraient été reconnus coupables de promotion de discours de haine, d’actes illégaux ou de violences (ou appels à violence) contre les personnes.
  • L’agrément pour délivrer des formations pour des mineurs ou adultes doit pouvoir leur être enlevé, et la possibilité de faire appel à des fonds « publics » (organismes paritaires ou de formations) être interdite.

Depuis la parution de la circulaire du 29 septembre 2021, du ministère de l’Éducation nationale, l’usage du prénom de préférence est possible au sein de l’administration de l’établissement, mais reste soumis à l’autorisation parentale, et celle des 2 parents. Elle marque une évolution dans le respect des mineurs trans, mais cela peut rendre complexe l’usage réel de cette préconisation. L’accord des 2 parents est parfois une impossibilité technique et dans d’autres cas, une difficulté supplémentaire pour l’élève qui se voit contraint de subir à nouveau le rejet de sa situation par l’autorité parentale devant une administration, fermant le ban alors à une manière plus fine de gérer, dans l’enceinte scolaire, ce sujet. (Voir Jeunes LGBTI+)

HES propose :

  • S’assurer de la mise en œuvre réelle de la circulaire du 29 septembre dans les établissements. 
  • L’utilisation du prénom de préférence par l’élève, qui peut être demandé dès l’adolescence, ne nécessite pas l’accord parental.
  • Permettre l’adaptation dans la loi de cette possibilité d’utiliser le prénom de préférence et le pronom lié. Cela doit aussi ouvrir l’accès aux espaces dédiés (vestiaires, douches, toilettes).

Aller plus loin : Circulaire du 29 septembre 2021. Pour une meilleure prise en compte des questions relatives à l’identité de genre en milieu scolaire.

Tout au long du cursus scolaire, les programmes nationaux prévoient des cours et séances sur la sexualité et la vie affective adaptés aux âges et au niveau des élèves. Cependant, ces cours n’empêchent pas le harcèlement et la discrimination des personnes LGBTI+. Les jeunes LGBTI+ ont besoin d’une véritable politique nationale, concrète, d’éducation à la vie sexuelle et affective, de la part de l’institution scolaire. Dans le code de l’Éducation, l’article L. 312 – 16 précise qu’une « information et une éducation à la sexualité sont dispensées dans les écoles, les collèges et les lycées à raison d’au moins trois séances annuelles ». Outre l’effectivité à préciser de ces séances, elle reste faiblement décrite, ce qui peut être tout à la fois une aide pour avoir des séances plus fournies, comme un prétexte pour faire le minimum.

HES propose : 

  • Une évaluation indépendante des services du ministère de l’effectivité des « 3 séances annuelles » (déjà insuffisantes) d’éducation sexuelle en cours réguliers sur tout le territoire. 
  • Une récurrence annuelle en collèges et lycées (privés, agricoles, professionnels, militaires et les établissements français basés à l’étranger) de cours d’éducation sexuelle.
  • L’intégration correcte, non normative des différentes orientations sexuelles, identités de genre et caractéristiques sexuelles.
  • Ne pas cantonner les contenus des cours d’éducation sexuelle et affective à la seule biologie, aux questions de reproductions ou sanitaires.

Les conseils d’administration des écoles, collèges, lycées et établissements de formation contribuent à la lutte contre les discriminations. Les actions et financements de l’État peuvent se traduire par des travaux communs, compétitions scolaires ou formation qui favorisent l’éducation sur la citoyenneté, le respect et la diversité – travaux au sein desquels les questions LGBTI+ doivent être présentes.

Pour cela, toutes les initiatives lancées par les équipes éducatives des établissements et menées parfois en lien avec les associations ou syndicats d’élèves doivent trouver dans les services du rectorat et dans l’académie, une oreille attentive et des aides pour des ressources.

Les programmes et les épreuves prévues dans les différents cycles doivent intégrer les sujets LGBTI+ et devenir un paramètre normal de l’éducation proposée dans notre pays, pour continuer à améliorer la connaissance de ces sujets et s’attaquer aux stéréotypes. Cela doit aussi passer par l’assurance que les comités d’éducation à la santé et à la citoyenneté (CESC) sont réellement mis en place dans tous les établissements et dotés de moyens.

HES dénonce les propos tenus par les dirigeants du CSP nommés par ce gouvernement qui considèrent que «’enseignement moral et civique (EMC) dispensé, est en vérité peu civique et très moral, en un sens dévoyé de la morale » et que la lutte contre les discriminations ne serait pas essentielle .

HES propose : 

  • Intégrer dans les programmes d’éducation morale et civique (EMC), la lutte contre les discriminations. Elle doit être évaluée pour l’obtention des diplômes du Brevet et du Bac. 
  • Droit à l’inscription sous le prénom de préférence pour tous les élèves trans ou intersexes, à l’arrivée au lycée, public ou privé, sans autorisation parentale préalable. 
  • Mener dans tous les établissements, une politique de santé auprès des lycéen·ne·s en lien avec les associations de prévention et intégrant la santé sexuelle, la lutte contre le VIH-​Sida et les IST, la contraception, le droit et l’accès à l’avortement, le malêtre, ainsi qu’avec l’Agence régionale de santé (ARS) dans le cadre du projet régional de santé (PRS).
  • Ouvrir largement le champ aux interventions en milieu scolaire (IMS), les défendre publiquement et rappeler leur utilité. Éviter les inégalités d’accès à ces IMS selon les blocages locaux pour que chaque élève y ait accès. Les associations ayant un agrément national ne peuvent se voir refuser l’accès à un établissement sur les seules décisions locales.
  • Faire référence explicitement à la lutte contre les LGBTIphobies dans les règlements intérieurs des établissements.
  • Permettre aux représentants des élèves d’avoir accès à des formations sur les LGBTIphobies et de les intégrer dans les actions de prévention menées au sein des établissements.

La vie scolaire au sein des lycées ne se résume pas aux seules salles de classe et aux cours dispensés par les enseignants. Il appartient à toute l’Éducation nationale que chaque lycée ou centre de formation d’apprentis permette à tous ses élèves d’avoir un cadre épanouissant et au sein duquel les associations et syndicats lycéens pourront mener une activité libre, notamment pour travailler au vivre ensemble et lutter contre les discriminations.

HES propose

  • Les associations LGBTI+ lycéennes doivent pouvoir se constituer sans aucune difficulté de la part des directions d’établissement. Elles doivent pouvoir compter sur elles pour être aidées dans leurs différentes démarches et éventuellement soutenues selon les situations.
  • Les associations LGBTI+ lycéennes doivent pouvoir disposer de tous les outils et accéder aux élèves et moyens des établissements comme toutes les autres associations.
  • Organiser efficacement la lutte contre le harcèlement en donnant les moyens aux personnels et aux élèves. (Voir plus haut et Jeunes LGBTI+).
  • Formation à l’approche des sujets LGBTI+, l’ensemble des personnels intervenants dans les établissements (enseignants et non-enseignants).
  • Les conseils des délégués pour la vie lycéenne (CVL) doivent pouvoir travailler sur les questions des LGBTIphobies aux côtés des questions de discriminations et proposer des actions aux élèves, menées avec le concours des établissements et des services académiques.
  • S’assurer que des matériels de prévention, de contraception (et des protections périodiques) soient disponibles dans les établissements.

Au-​delà du fait que les actes LGBTIphobes sont pénalement répréhensibles, prévenir et lutter contre ces actes fait partie des missions légales de l’enseignement supérieur.

Malheureusement, une enquête de l’Ifop, réalisée en avril 2019 pour la Fondation Jasmin Roy, l’observatoire LGBT+ de la Fondation Jean-​Jaurès et la Dilcrah, a montré que 20 % des personnes LGBT+ interrogées déclarent avoir fait l’objet d’injures ou de menaces verbales dans l’enseignement supérieur.

De plus, 68 % des personnes LGBT+ ayant été victimes d’intimidation, de menaces ou de commentaires blessants ou désobligeants en lien avec leur orientation sexuelle et/​ou leur identité de genre l’ont déjà été en milieu scolaire. Ainsi, conformément à l’article L.123 – 2 du Code de l’Éducation, le service public de l’enseignement supérieur doit contribuer à la lutte contre les discriminations, à la réduction des inégalités sociales ou culturelles, à l’amélioration des conditions de vie étudiante et à la construction d’une société inclusive.

La place des sujets LGBTI+ dans l’enseignement supérieur et la recherche (privé et public) est de plusieurs ordres. À la fois en tant qu’étudiants, avec leur vie quotidienne dans les facs et dans les espaces de vie étudiante, et avec les associations LGBTI+ qui peuvent être créées. D’autre part, la vie des campus, des cités universitaires et de l’ensemble des espaces universitaires au sens large est irriguée par les questions LGBTI+ comme l’est l’ensemble de la société.

Il y a également les personnels LGBTI+ au sein d’un espace de travail comme d’autres, en contact avec des publics le plus souvent majeurs, et avec lesquelles des interactions de divers ordres ont la possibilité d’exister.

Comme dans n’importe quel autre cadre, les questions de violences sexistes et sexuelles, d’emprise ou de relations inappropriées peuvent apparaitre. Il conviendra aux directions d’établir les cadres nécessaires, de suivre la loi et de permettre aux victimes, quelles qu’elles soient, d’avoir accès à des espaces de confiance, afin de traiter avec respect et attention ces sujets.

Enfin, il reste toujours des enjeux dans l’accès à des formations, qui peuvent parfois ne pas être suivis par des catégories d’étudiant·es, parce qu’ils ou elles penseront (à tort ou à raison) ne pas y être bien accueilli·es, ou qu’elles ne leur sont pas destinées.

Par exemple, les étudiant·e·s LGBTI+ ont plus tendance à abandonner les études en Science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM) à l’université, car elles et ils peuvent avoir intégré·e·s que ces formations ne sont pas accueillantes (Yoder, J. B. et Mattheis, A. « Queer in STEM : Workplace Experiences Reported in a National Survey of LGBTQA Individuals in Science, Technology, Engineering, and Mathematics Careers. » Journal of Homosexuality 63, 1 – 27 – 2016)

HES propose : 

  • Soutenir les associations étudiantes, financièrement et techniquement (enveloppe budgétaire, matériel, local), dans leurs projets sur les droits LGBTI+ et la lutte contre les discriminations (LCD). 
  • Augmenter les moyens humains et matériels (i) des infirmeries et des bureaux d’aide psychologique universitaire (BAPU) pour accueillir convenablement les étudiant·es LGBTI+ (ii) des lieux de soin et d’écoute concernant à la fois les problèmes intimes, le harcèlement et des situations plus générales. Mettre à disposition, des documents d’informations nécessaires à l’orientation correcte des étudiant·es, pour toutes les questions liées à la sexualité, la vie affective, la prévention et les modes de contraception, ainsi que la santé en général. 
  • Signer des « conventions CIFRE » en ciblant les sujets LGBTI+ : ce dispositif permet de recruter des doctorant·e·s (moyennant rémunération) pour y mener leurs travaux d’études et leurs thèses. Ce lien avec la recherche est crucial pour faire évoluer notre pays et ses savoirs.
  • Imaginer des campagnes d’incitation aux études et formations scientifiques et technologiques similaire à celle de « Women in Science » pour les personnes LGBTI+.
  • Faciliter le droit au prénom de préférence pour les trans et Intersexes dans les inscriptions administratives dans les structures de l’enseignement supérieur (privées comme publiques).
  • Officialiser le droit à l’intimité, vie privée et affective dans les logements étudiants dépendant du Crous, y compris pour les LGBTI+. 
  • Créer des modules obligatoires annuels sur les LGBTI+ (en concertation avec nos associations) dans le cursus de l’Institut national du service public, notamment sur les disciplines couvrant le droit, la culture, l’histoire, les sciences, la philosophie, les politiques publiques, la sociologie, le service public et l’égalité des droits.
  • Anticiper une intégration et un traitement respectueux des professeur·e·s en transition de la part de toutes les personnes fréquentant l’établissement éducatif. 
  • Favoriser un changement d’établissement rapide pour les professeurs trans, si ils ou elles le désirent. 
  • Veiller à ce que les weekends ou moments d’intégration dans les formations et établissements du supérieur, publics ou privés, ne soient pas du bizutage masqué. S’assurer que, pour ces moments de convivialité, le caractère inclusif soit réel. Responsabiliser les associations et structures étudiantes organisatrices de ces temps, pour leur permettre de mettre en place les actions et moyens suffisants pour de la prévention.
  • Organiser la mise en place systématique sous l’autorité des chef·fe·s d’établissement, ou de référents sur la question de l’accueil et de la vie étudiante, des « Safe Space » avec des personnes-​ressources garantissant le consentement des échanges entre adultes.
  • Des structures d’écoute doivent être mises en place par les directions des universités afin de recueillir les paroles de victimes d’actes ou discours LGBTIphobes, et de violences sexistes et sexuelles, afin de les traiter avec diligence et sérieux.

Les jeunes LGBTI+, dans le questionnement personnel ou « au placard », ont parfois peur de consulter des sites « proLGBTI+ » à domicile à cause d’une surveillance parentale intrusive. Or, dans de trop nombreux établissements scolaires – dans les salles informatiques et CDI – des sites web informant sur les questions ou sujets LGBTI+ sont bridés ou filtrés. Les jeunes sont donc privés d’infos et de contacts qui peuvent les aider, voire sauver leurs vies.

Des sites d’infos, comme tetu​.com ou komitid​.fr, et de grandes associations LGBTI+ doivent être accessibles. Les responsables informatiques des collèges, lycées, facs et grandes écoles (du secteur public, ou du privé recevant des fonds ou agréments de l’État pour leurs formations et diplômes) doivent recevoir des instructions ministérielles sur ce sujet et tout manquement devra être corrigé et sanctionné par la hiérarchie.

Les tentatives de suicide des enfants – parfois en bas âge – sont une réalité dans notre pays et les mauvais traitements et harcèlements anti-​LGBTI dans le cadre familial ou en milieu scolaire sont des vecteurs majeurs de passage à l’acte. L’école doit donc être un lieu précoce de détection et d’alerte. De plus, trop de victimes d’agressions LGBTIphobes refusent de porter plainte de peur d’être « outé·e·s » auprès de leurs parents. Il faut donc enclencher, via l’Éducation nationale, la police et les associations spécialisées, un travail d’information avec elles et eux.

HES propose : 

  • Pour donner une présentation honnête de l’histoire, de la culture, et de la science, il faut saisir officiellement le Haut Conseil des Programmes afin que soient intégrés la présentation correcte de la sexualité des personnages historiques et du rôle que celle-​ci a eu sur leur vie (Pierre Seel, Alan Turing), de celles d’auteurs et autrices (Proust, Colette, Cocteau) et le sort réservé aux LGBTI+ (acceptation, prison, bucher, déportation) au fil des siècles dans les programmes scolaires (Français, Histoire-​Géographie, Sciences, Philosophie, Arts/​Culture, Éducation civique).
  • Pour lutter contre les fantasmes des réactionnaires LGBTIphobes qui continuent de mentir en affirmant que des jeunes vont « choisir » d’être LGBTI+, les programmes doivent évoquer ce qu’est la réalité de la « légalisation » de l’homosexualité, ce que sont les orientations sexuelles et les identités de genre et l’état actuel de la législation sur ces sujets.
  • Inciter les éditeurs de livres/​manuels scolaires à inclure la lutte contre les discriminations (LCD) dont les sujets LGBTI+, ne pas oublier de mentionner l’homosexualité ou la sexualité affichée et revendiquée, dans leurs œuvres ou actions, des personnalités historiques (Henri III), culturelles (Rimbaud, Colette, Cocteau) scientifiques (Alan Turing).
  • Interdire que les réseaux internet, ordinateurs et wifi du système scolaire censurent ou bloquent à priori les sites sur les thématiques LGBTI+ (tetu​.comkomitid​.fre‑llico.comPaint,etc.) et d’associations reconnues (cf. SOS Homophobie, Inter-​LGBT, les sites des centres LGBTI+ des régions, Caelif, Contacts, APGL, ADFH, David et Jonathan, Shams, Beit Haverim, FSGL, Flag!).

Dans les différents domaines de l’action publique et privée, le manque flagrant de données et de références statistiques sur les questions LGBTI+ a été pointé. Le manque de données en France et en Europe est trop souvent une excuse pour ne pas avancer ou ne rien faire pour les LGBTI+, il faut développer les filières, les recherches et études statistiques, sociologiques, médicales, démographiques, judiciaires, etc. sur les sujets LGBTI+…

Le financement de la recherche universitaire, scientifique, académique et de la communication sur la santé des personnes trans et intersexes et de leurs partenaires (VIH-​Sida, hépatites, IST, effets des traitements à long terme, interactions médicamenteuses, etc.), en associant les associations de personnes trans et intersexes.

À l’université et plus largement dans tout l’enseignement supérieur, il y a donc des adultes LGBTI+ qui sont à la fois en cours et en formation, d’autres qui sont enseignants et formateurs, d’autres encore dont le champ de recherche est sur les questions LGBTI+. Chacun de ces pans soulève différentes questions pour la protection, l’accès à une prévention et un soutien si besoin, pour des personnels qui soient formés sur les sujets LGBTI+. Il faut aussi et surtout l’assurance que les travaux et les objets de recherche ne sauraient être traités différemment par leur nature, ou par la personne qui les étudie.

Sur ce sujet, on n’aura pu que constater le comportement effrayant d’un gouvernement qui attaque l’Université de manière frontale. En utilisant les termes de l’extrême droite et en ordonnant une enquête sur « l’islamogauchisme », en prenant part et en soutenant un colloque contre le « wokisme », en reprenant les fantasmes sur les études de genre, sur l’intersectionnalité…

Non seulement les mots pour parler de des sujets et les définitions farfelues qu’ils en font sont littéralement mensongers, mais ils forment des injonctions à ne plus s’occuper de ces thèmes et à refuser que des fonds servent, des personnels de l’université publique puissent s’y intéresser.

C’est une attaque très grave, digne des régimes autoritaires et fascistes. Les pouvoirs publics n’ont pas à dicter ce qu’il convient ou non d’étudier et qui doit le faire ou comment, pas plus qu’un anathème ne peut être jeté publiquement, avec l’autorité d’un gouvernant, sur des domaines ou matières universitaires.

L’épidémie de Covid-​19, dans sa tragique extension mondiale hyper rapide depuis début 2020, a montré que la volonté politique et les financements internationaux très massifs permettent de trouver plus vite des traitements et des vaccins : les dernières avancées montrent que cette fois l’horizon d’un vaccin antisida n’est pas une pure illusion. Encore faut-​il que la France contribue suffisamment à la recherche, en coordonnant vraiment les efforts entre les différents acteurs locaux…

HES propose : 

  • Développer la recherche sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, dans les universités, via des cours, des thèses, des débats, colloques, dans différents champs, avec un financement adéquat.
  • Proposer des lignes de financement de la recherche dans les études de genre et les études culturelles dédiées aux étudiant·e·s et chercheuses et chercheurs trans et intersexes.
  • Veiller scrupuleusement au respect absolu de la liberté académique et que le ministère de l’Enseignement supérieur se tienne aux côtés de l’Université, et non dirigée contre elle.
  • Stopper les ingérences du gouvernement dans les questions de recherche et les attaques contre l’université (cf. les tragiques et honteux épisodes de l’enquête sur «’islamogauchisme », ou du séminaire sur le « wokisme »).
  • Dénoncer, à chaque fois, les attaques politiques – et les violences qu’elles engendrent – contre l’Université, des domaines de recherche précis ou des matières larges (la sociologie est régulièrement une cible de la droite et de l’extrême droite). Dénoncer plus largement toutes les attaques contre la science et la recherche d’où qu’elles viennent.
  • S’assurer qu’aucun enseignant, ou aucun étudiant n’est pas ou ne sera inquiété, n’aura une carrière volontairement empêchée par une direction d’UFR ou d’établissement, par le domaine, la nature ou le sujet de ses recherches (à fortiori lorsqu’il s’agit de sujets LGBTI+).
  • Organiser le financement correct de la recherche sur le VIH-​Sida et sur toutes les IST. Le financement de la recherche sur les enjeux de santé a été démontré pendant la pandémie et peut être reconduit sans difficulté, la volonté politique en reste la clé de voute.