A l’occasion de la Journée Internationale de visibilité transgenre, HES tient à réaffirmer son soutien aux personnes trans, cibles des mouvements réactionnaires et de la droite sénatoriale qui vient de produire un rapport scandaleux sur la “transidentification” des mineurs et qui s’apprête à déposer une proposition de loi rétrograde en matière de droit des personnes trans.
1) Le rapport des impostures
Cette journée de visibilité trans tombe, cette année, quelques jours après le rapport présenté par Jacqueline Eustache-Brinio, sénatrice LR, et son groupe politique. Ce rapport est un concentré de transphobie assumée. Les termes de “transidentifcation” et de “transactivisme” n’existent que dans le langage réactionnaire et le postulat même du rapport constitue un biais idéologique puisque les transidentités seraient, en soi, le problème politique sur lequel le pouvoir législatif devrait légiférer.
Ce rapport est ainsi rempli de contre-vérités et l’absence d’une approche sémantique sérieuse et de définition des termes utilisés entretient volontairement les fantasmes populistes sur ce que la loi permet concrètement de faire aujourd’hui.
Or, aucun·e mineur·e trans en France ne peut subir la moindre intervention chirurgicale, et les bloqueurs de puberté ont un effet réversible, d’après un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales en 2022. Derrière l’expression “changement de genre” se trouvent des réalités sociales et juridiques multiples. Les transitions sociales, d’abord informelles dans le cadre familial et amical, s’effectuent dans un cadre juridique : changement de prénom, changement de mention de sexe. Loin des sous-entendus pernicieux et des contre-vérités, aucun·e mineur·e en France ne peut demander la moindre intervention chirurgicale : cela n’est possible qu’au-delà de 18 ans, après un accompagnement médical et psychologique. L’imposture va plus loin : les transitions médicales et pathologisantes ont été imposées jusqu’en 2016 – dont la stérilisation totale avec ablation de l’utérus en plus des ovaires, pour les jeunes hommes trans, opération lourde de conséquences – et continuent en partie à être conseillées et demandées par certains tribunaux, alors que les associations et les personnes concernées défendent une dépathologisation des parcours et surtout le principe de l’autodétermination qui permet à chacune et chacun d’envisager son propre parcours.
2) Une visibilité nécessaire
Depuis 2020, les rapports annuels de SOS Homophobie montrent une hausse croissante des actes transphobes et 85% des personnes trans ont été victimes de discriminations.
Cette journée de visibilité, pensée comme un miroir positif au TDOR – Journée de souvenir trans qui honore la mémoire des personnes trans assassinées – est là pour mettre en lumière les vies et les vécus trans, loin des images fantasmées et diffusées par les réactionnaires. Si les médias ont visibilisé l’existence des personnes trans, ils l’ont fait souvent d’une manière “fantasmée”, médicalisante et caricaturale, donnant trop souvent la parole aux soi-disants experts transphobes et non aux personnes concernées, se faisant ainsi le relais de paniques morales : les personnes trans seraient une risque pour les valeurs traditionnelles, la famille et la survie même de la société Ainsi, si les réactionnaires s’attaquent en particuliers aux mineu·res trans, c’est bien parce que c’est plus aisé que de s’attaquer directement aux droits LGBTI+ conquis ou qui touchent des adultes, tout en continuant à s’attaquer aux personnes LGBTI+.
Les vies trans ne prêtent pas à débat, l’identité de genre comme l’orientation sexuelle n’a pas à être appréhendée comme un sujet de société qu’il faudrait effacer de la vie publique, encore plus par des personnes non concernées. Ces dernières années, la création de médias de diffusion (XY, Wikitrans), de podcasts dédiés, de comptes instagram, d’une littérature trans, permet de mettre en lumière les vécus trans et la diversité des parcours, cette visibilité contribue à donner des informations et des ressources fiables et sérieuses sur les transidentités, de lutter contre les stéréotypes, de s’informer.
En cette journée de visibilité, HES tient à réaffirmer son soutien aux personnes trans injustement ciblées par les mouvements réactionnaires de tout bord, et milite pour que le changement d’état civil soit déjudiciarisé, libre et gratuit.
Nous invitons les responsables et élu·es socialistes à se saisir de ces questions, car elles relèvent de la défense des droits humains et de l’émancipation qui sont au cœur de nos engagements.
Retrouvez l’ensemble des propositions d’HES sur les transidentités dans notre Manifest’