Le 11 octobre 1988, commémorant la 2e Marche pour les droits des lesbiennes et des homosexuels de Washington (capitale des USA), des centaines de personnes publient leurs noms dans les journaux donnant ainsi corps à une existence publique en tant que personne homosexuelle.
En 2024, la journée du coming out est encore l’occasion d’encourager à la visibilité de nos existences pour mieux faire société. Faire son coming out à son entourage constitue toujours une étape pour se dire soi même, étape sociale importante pour les personnes LGBT. Le faire également en tant que personne publique, dans la sphère professionnelle, politique, médiatique, reste toujours un marqueur.
Faire son coming out ((à ne pas confondre avec l’outing) c’est révéler son orientation sexuelle ou son identité de genre à quelqu’un. Une enquête sur le “Coming Out” en France, commandée par l’association Contact pour ses 30 ans à IPSOS, est parue hier.
D’après cette enquête, à peu près 17 % des Français auraient reçu un coming out d’une personne proche. Parmi eux, les moins de 35 ans sont surreprésentés (29 %), ainsi que les personnes se situant politiquement à gauche (26 %)
Cette étude est le reflet d’une société plutôt dans l’acceptation positive des personnes LGBT (75 % soutiennent la cause des LGBT) mais quelques alertes sont pour autant relevées par l’enquête, par exemple le fait que 37 % des hommes de 18 à 24 ans ayant reçu un coming out ont une mauvaise image des personnes LGBTI+. L’’acceptation envers les personnes LGBT est bien plus fréquente et aisée de la part des gens de gauche que parmi ceux de droite et d’extrême droite.
Dans le monde du travail d’après le dernier baromètre IFOP/L’autre Cercle publié en avril dernier, en France, 6 personnes LGBT+ sur 10 sont aujourd’hui visibles sur leur lieu de travail confirmant que dans les différents lieux de vie d’une personne LGBT (entourage personnel, professionnel), la bienveillance est de mise et que notre société é est plus inclusive. Pour autant, 3 Français·es employé·es LGBT+ sur 10 (28 %) déclarent encore aujourd’hui avoir été victimes d’au moins une agression LGBTphobe au travail et les LGBTI phobies, particulièrement la transphobie restent présentes.
Ces études montrent que le coming out, dans la sphère privée comme professionnelle, n’est pas un acte anodin pour une personne LGBTI+, tant l’hypothèse du rejet pour ce qu’on est reste une possibilité. C’est le sens des engagements de l’association CONTACT qui favorise le dialogue entre les personnes LGBTI et leurs parents ou du Refuge qui accueille des jeunes rejetés de leur famille en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre.
Permettre à chacune et chacun d’être soi, c’est favoriser dès le plus jeune âge un cadre éducatif bienveillant et pédagogique sur ces sujets. L’effectivité des cours à la vie affective et sexuelle, qui doivent intégrer toutes les orientations sexuelles et/ou romantiques, la mise en place d’un réseau de référents LGBTI, une meilleure formation du personnel enseignant aux LGBTI phobies, l’organisation de journées de sensibilisation restent à mettre en place par les pouvoirs publics si nous voulons permettre à chaque jeune d’être soi même, pour lui et les autres. La visibilité des personnes LGBTI doit aussi être encouragée dans les médias ou la vie publique.
Pour la 1ere fois en 2024, la France a été gouvernée par 1er Ministre ouvertement homosexuel, “assumé mais non revendiqué” et la candidate au poste de 1ere Ministre du Nouveau Front Populaire Lucie Castets, a rendu publique son homosexualité (évoquant juste, en toute transparence, son couple et son jeune enfant), s’attirant des réactions hostiles venant surtout de la droite, de certains médias et de la fachosphère mais aussi- à la marge – dans son propre camp politique… L’injonction à l’invisibilité à laquelle certaines et certains auraient aimé la contraindre dit encore quelque chose : la visibilité d’un couple ou d’une famille hétérosexuelle en politique est acceptable là où la visibilité de nos amours ou de nos familles le serait moins. Et pourtant, montrer d’autres modèles, parcours de vie contribuent à construire des chemins possibles, y compris en politique. L’émancipation, chère à la gauche et aux socialistes, n’est pas une voie unique : les modèles sociaux, amoureux, familiaux sont nombreux.
Le coming-out c’est si on le veut et quand on le veut, dans sa famille, dans son milieu professionnel, dans la vie politique, les médias et il appartient à chacune et chacun d’entre nous.
Dire pour soi aux autres, c’est exister, prendre place et faire société.