Après les tragiques épisodes d’une proposition pour que les groupes d’études de l’Assemblée nationale sur le sida et l’antisémitisme soient confiés au RN, et aux reculs suite au tollé provoqué. On apprend que la liste des groupes est désormais définitive et adoption et prostitution seront chapeautés par l’extrême droite.
L’extrême droite à l’Assemblée nationale. C’était déjà une situation insupportable pour tous les défenseurs des droits et de la dignité humaines. Qu’elle obtienne près de 90 sièges à la suite des stratégies politiques de la majorité sortante et d’une droite aux abois préférant le bruit et la terreur à la raison et la décence a été un coup de tonnerre déflagrateur et un signal lourd pour notre pays.
Mais que, grâce aux votes du parti de M. Macron, elle se retrouve avec 2 vice-présidences d’une des chambres du Parlement de la République française a achevé de faire la démonstration que les « barrages » et les « digues » n’avaient jamais été, pour certains, que des mots creux. Dans la logique de ces résultats, un danger grave est posé par la direction qui lui est désormais confiée à des groupes d’études de l’Assemblée nationale, et notamment ceux de l’adoption et de la prostitution.
Des thèmes jetés aux orties de l’extrême droite
Dans la longue liste des groupes d’études de l’AN, que ceux sur l’adoption et la prostitution aient pu être confiés à l’extrême droite est inquiétant. Inquiétant d’abord parce que cela pourrait signifier que ces thèmes n’ont pas été demandés par les autres partis politiques, ou que, dans les tractations, ce sont ces thèmes qui ont pu servir de monnaie d’échange.
Inquiétant enfin parce que cela voudrait dire que sur ces thèmes, aucune ligne de défense d’une position républicaine n’a pu tenir face aux stratégies d’institutionnalisation de l’extrême droite.
Enfin, cela nous inquiète, comme tant d’autres associations LGBTI, et plus largement encore, parce que ces thématiques sont des sujets très complexes, touchant directement aux droits des personnes et aux possibilités pour tou·te·s les citoyen·nes de pouvoir fonder une famille.
L’adoption ne peut pas être laissée aux mains de l’extrême droite et de son projet homophobe et transphobe
Nul n’ignore les positions anti-LGBTI, et les votes hostiles, du parti lepéniste et de toutes les composantes de l’extrême droite, en France comme partout dans le monde. Qu’elle puisse être en charge d’un groupe d’étude sur l’adoption et influer sur les réflexions et propositions du Parlement, même en partie, sur un droit qu’elle souhaite interdire à des citoyen·ne·s n’est pas du tout acceptable.
Les propos et programmes de l’extrême droite pour la fondation de familles LGBTI et l’accès aux droits de toutes les personnes dans notre pays sont clairs. Elle n’entend pas travailler à résoudre les discriminations structurelles qui frappent encore les couples et célibataires qui entendent adopter.
Le droit des familles et des personnes, notamment LGBTI, n’a aucune possibilité d’être amélioré en concordance avec les droits international et européen, dans la suite des décisions juridiques française et européenne, avec un groupe d’étude dirigé par le RN.
La prostitution ne peut pas être récupérée par une extrême droite aux propos réducteurs et dangereux
Quant à la prostitution, les visions de l’extrême droite et son discours simplistes et inopérants ne peuvent être des pistes de réflexion valables pour penser enfin un sujet déjà trop souvent analysé à travers un prisme moraliste, sur fond religieux et hors sol.
Les travaux contre les violences faites aux personnes travailleuses du sexe, la lutte à mener contre les traites autant que celles contre les violences systémiques, contre la précarité sociale et sanitaire, ainsi que pour l’accès aux droits ne peuvent trouver un auxiliaire dans l’extrême droite.
La question de la prostitution ne peut être vue comme accessoire ou de la gaudriole tant ce sujet brasse des problématiques nombreuses trop peu affrontées, et encore moins résolues. La réponse autoritaire et morale n’est pas une réponse pertinente. La loi de 2016, dénoncée par les TDS et par de nombreuses associations, avec toutes ses conséquences, ne pourra pas être revue et améliorée pour répondre enfin aux exigences de protection, de lutte contre la précarité et de dignité qu’exige notre devise nationale avec un groupe d’étude dirigé par le RN.
Pour ces sujets, comme pour d’autres, le moindre pouvoir, la moindre instance laissée à l’extrême droite, dirigée par elle, et lui permettant à la fois une institutionnalisation et une tribune est à dénoncer. Nul·le, à gauche, ou dans le « champ républicain » ne saurait, à aucun moment, se réjouir qu’elle dispose d’aucune surface médiatique et qu’elle puisse traiter n’importe quel sujet. L’extrême droite est à combattre résolument, par tou·te·s, partout et par tous les moyens. C’est la seule optique qui prévaut.