Avec le vote d’un texte appelé « loi trans », l’Espagne avance encore sur les droits LGBTI+. Avec des droits et libertés pour les personnes trans, pour des mineurs notamment, elle permet aussi des avancées conséquentes pour le changement d’état civil.

C’est une série de nouvelles avancées pour les droits LGBTI que permet la « loi trans » votée la semaine passée par Les Cortes : le Parlement espagnol a adopté une loi portée par le gouvernement d’union de la gauche. 

Une mise à niveau entre France et Espagne, et d’autres avancées outre-pyrénéennes

Désormais, avec ce nouveau texte, toute personne trans pourra librement faire changer son nom et son genre sur ses papiers d’identité lors d’un simple rendez-​vous auprès de l’administration (il y a toujours en France une distinction entre le changement de prénom et de genre, le premier en mairie, le second devant la justice). Mais cela peut donc se faire sans fournir de rapports médicaux ou de preuve d’un traitement hormonal pendant 2 ans.

La loi permet aussi de changer librement de genre dès 16 ans, et elle l’autorise également pour les 14 – 16 ans à condition d’être accompagnés par leurs tuteurs légaux —, et les 12 – 14 ans pourront le faire uniquement avec l’autorisation d’un juge. À ce jour, en Espagne, c’est l’intégralité des mineurs qui doit réaliser une démarche judiciaire. Ces démarches s’accompagnent d’un délai de 3 mois pour « confirmer la décision de changer de genre ».

En France, aujourd’hui, aucune possibilité n’est ouverte aux mineurs s’ils ne sont pas soutenus par leurs représentants légaux (presque toujours leurs parents, donc) de pouvoir réaliser des changements à l’état civil, de pouvoir même indiquer leur prénom de préférence à l’école, même si une nouvelle circulaire a été transmise qui autorise le prénom de préférence… seulement avec l’accord parental.

Un débat autour de la loi, à gauche, pollué par la rhétorique réactionnaire 

Ce projet de loi illustre aussi à nouveau, comme en Angleterre, en Écosse et chez nous, que des franges d’une certaine « gauche » préfèrent rediffuser les paniques morales venues du camp réactionnaire et d’extrême droite, plutôt que de réfléchir posément et calmement au sujet. Ou même simplement d’écouter les personnes trans et leur famille dans leurs difficultés quotidiennes.

Le genre et le sexe biologique n’ont pas à être hiérarchisés ni placés comme des concepts supérieurs ou inférieurs les uns aux autres. La réalité est plus complexe et oblige toutes celles et tous ceux qui se revendiquent militant·es de l’égalité et des droits et libertés, à objectiver rationnellement les conséquences des textes de loi, et des manques dans ceux-​ci, dans la vie des personnes trans.

Les craintes affichées sur de l’autodétermination « à volonté » de la part d’hommes qui pourraient alors venir s’attaquer aux femmes dans les espaces qui leur sont dédiés ne sont fondées sur aucune étude sérieuse. Par contre, les discriminations et les violences dont sont victimes les personnes transgenres sont elles une réalité. Les rapports de SOS Homophobie de 2021 et 2022 montrent une hausse des situations de transphobie et 85 % des personnes transgenres sont ou ont été victimes de discriminations. 

Pour HES, il est évident que les avancées amenées par cette loi espagnole sont les prochaines à mettre en place en France. Nous les porterons aux côtés des associations de personnes transgenres qui militent depuis des années pour une démédicalisation des parcours de transition. Nous sommes convaincu·es qu’il sera impossible à notre pays d’avancer sur ces sujets sans une majorité de gauche, forte, résolue à lutter contre les discriminations et qui refusera de céder devant les paniques morales montées de toutes pièces et gorgées de mensonges. 

À ce titre, il est intéressant de voir que les regrets, les condamnations, les dénonciations que ce texte de loi occasionne, d’où que viennent les prises de parole, sont toutes relayées dans des médias conservateurs, ultra-​religieux et réactionnaires.

Il est temps de dire réellement ce que dont ces « fractures » témoignent. Il ne peut être acceptable de continuer à qualifier de défenseuses·es des droits les personnes qui se retrouvent à combattre ceux des personnes trans.

HES ne peut que regretter que des amendements limitatifs aux dispositions prévues dans la loi aient été déposés par le Parti socialiste ouvrier espagnol. Il faut être conscient des efforts continus à mener pour l’éducation et l’information sur les sujets LGBTI. Ces amendements ont été rejetés par la majorité du congrès des députés, et le PSOE s’est rangé à cette majorité ; permettant à toute la gauche du royaume de faire d’Espagne l’un des pays les plus avancés de l’Union européenne et du monde pour les droits LGBTI.

À HES, nous continuerons de militer à l’intérieur et à l’extérieur du Parti socialiste pour les droits des personnes transgenres, plus que jamais fidèles au combat socialiste pour l’émancipation de chacun·e !