Le gouvernement hongrois de Viktor Orbán a de nouveau fait voter des dispositions LGBTIphobes dans une loi qui met en danger les familles LGBTI+ et les couples homosexuels mariés à l’étranger. C’est un nouvel affront pour l’UE et une nouvelle démonstration de l’impunité dont jouit le gouvernement Orban depuis trop longtemps. Où cela se terminera-t-il ? 

Avec le prétexte de transposer la directive européenne (bienvenue) sur les lanceurs d’alerte, la Hongrie a modifié le texte pour attaquer la communauté LGBTI+. En effet, le texte adopté encourage « tout·e citoyen·ne (à) porter à la connaissance de l’État l’existence de couples homos mariés (à l’étranger) et surtout de familles homoparentales. »

La présidente de la Hongrie a laissé passer de nombreuses lois d’Orbán sans sourciller. Et notamment la précédente loi sur la lutte contre la soi-​disant « propagande LGBT », contre laquelle de nombreux États membres de l’Union, ainsi que le Parlement européen ont soutenu la Commission dans sa démarche auprès de la Cour de justice de l’Union européenne. Cette fois-​ci la présidente a enfin décidé d’y mettre son véto et donc de le renvoyer à la Chambre des députés. Là même où Orbán dispose d’une très confortable majorité, de droite populiste, qui lui permettra de valider ce texte…

Un bras d’honneur à l’Union européenne, alors que rien d’efficace n’a été fait contre le gouvernement Orbán, ses décisions autoritaires et LGBTIphobes

Les critiques des lois hongroises ont été nombreuses, les déclarations de principe et les grandes phrases faites la main sur le cœur par les dirigeants européens se sont multipliée pour s’offusquer, dénoncer ou critiquer les lois LGBTIphobes et les attaques contre la justice et la séparation des pouvoirs par Orbán. Rien n’y a fait. Ce gouvernement et sa majorité continuent de cracher à la face des textes européens, des engagements internationaux de la Hongrie et de toute l’Union européenne. Cette loi, qui facilite et encourage les dénonciations anonymes, ne peut que renvoyer à des périodes tragiques et honteuses des histoires européenne et nationales, en Hongrie comme en France, lorsque les lettres anonymes de délation pleuvaient…

De juillet à décembre 2024, la Hongrie assurera la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, suivie de la Pologne : va-​t-​on réellement laisser ces gouvernements attaquer les personnes LGBTI+, s’en prendre à la démocratie et pourtant représenter les États européens ? 

Orbán fait partie des responsables politiques cités comme modèles par les partis d’extrême droite, dont le RN. Marine Le Pen, comme Éric Zemmour, indiquent ouvertement s’en inspirer… Pourquoi le combat contre l’extrême droite n’est-il qu’un vague affichage ? Pourquoi les actions intraeuropéennes de gouvernements tels que celui d’Orbán ne sont pas constamment dénoncées et vraiment combattues, avec lisibilité ?

Quand elle n’arrive pas après la bataille, la parole de la France est encore à chercher sur ces sujets.

Le respect des valeurs de l’Europe n’est pas une option : une décision de la Cour de Justice bienvenue

Où est la voix de la France devant ces nouvelles ignominies haineuses ? 

Alors que la France a rejoint in extrémis le recours de la Commission sur l’autre loi anti-​LGBTI d’Orbán, il n’y a eu aucune réaction officielle sur ce nouveau texte de la part du gouvernement français ou par l’une des chambres du Parlement. 

Les associations LGBTI, HES en tête, attendent que le Parlement envoie un signal très fort en direction de leurs homologues hongrois pour leur demander d’arrêter de cibler les LGBTI+. 

Nul n’est dupe de cette stratégie de déviation de l’attention des problèmes de la vie quotidienne et des attaques constantes contre l’État de droit par Orbán, qui s’inspire largement de son ami Poutine sur ce sujet comme sur d’autres. Les techniques du bouc émissaire sont bien connues, et pourtant toujours utilisées.

Au Parlement européen, les groupes PPE, Socialiste et démocrate, Renew, Verts/​ALE et GUE/​NGL ont écrit une lettre à la présidente de la Commission afin de suspendre davantage de fonds européens pour la Hongrie. À cause du projet de loi sur le statut des enseignants qui touche à leur liberté d’opinion, et par cette nouvelle loi encourageant les dénonciations. Ces lois ne permettent pas de verser les fonds du plan de relance européen à la Hongrie. Et la procédure dite « Article 7 » doit enfin avancer…

Si M. Séjourné la signe au nom du groupe Renew, pourquoi cela n’est pas fait de même au niveau national ?