Dans un contexte politique tendu, les premières mesures de Donald Trump viennent confirmer les craintes à l’égard de la communauté LGBT américaine et soulève de vives inquiétudes pour la suite du mandat. Après les droits des personnes LGBTI+, il est hélas à craindre que les droits des femmes et les politiques pour favoriser l’inclusion des minorités soient eux aussi mis à mal. 

1) Les personnes trans, premières victimes du trumpisme 

Intitulée “Défendre les Femmes contre l’Extrémisme de l’idéologie du genre et restaurer la vérité biologique au sein du Gouvernement Fédéral”, l’ ordonnance exécutive porte sur des questions cruciales concernant les droits des femmes, des personnes transgenres et les droits reproductifs. En légitimant le concept de « personnalisme fœtal », l’ordonnance met en lumière un recul des droits des personnes enceintes, tout en renforçant une vision binaire et biologiquement déterminée des identités de genre.
L’ordonnance, par sa définition stricte des termes “féminin” et “masculin” comme étant liés à la biologie dès la conception, ce qui est scientifiquement faux, ouvre la voie à des conséquences légales potentiellement dramatiques pour les droits reproductifs des individus. En effet, le passage clé de l’ordonnance stipule que “‘Féminin’ désigne une personne appartenant, dès la conception, au sexe qui produit la cellule reproductive large”, et “‘Masculin’ désigne une personne appartenant, dès la conception, au sexe qui produit la petite cellule reproductive”.

Cette interprétation réductrice et erronée des faits biologiques ignore les nuances scientifiques et transforme les fœtus en personnes juridiques dès la conception, validant ainsi le concept de personnalisme fœtal. Ce concept, qui attribue des droits humains équivalents à ceux des adultes aux fœtus, s’est déjà trouvé au cœur des débats politiques, en particulier pour limiter l’accès à l’avortement, mais aussi à la procréation médicalement assistée (PMA) et à certaines méthodes de contraception.

Cette ordonnance a pour conséquence l’exclusion des femmes trans des prisons, alors que les personnes trans sont déjà surexposées à de la violence carcérale et met fin à la reconnaissance des personnes non binaires qui pouvaient obtenir depuis 2021 un passeport avec mention d’un genre neutre “X”.

Outre la question du personnalisme fœtal, l’ordonnance vise à délégitimer les identités transgenres en supprimant des protections légales fondamentales pour cette communauté. Cette dimension de l’ordonnance pourrait intensifier les discriminations déjà présentes envers les personnes transgenres, tout en exacerbant les défis juridiques concernant l’accès aux soins médicaux liés au genre. Ces mesures constituent un véritable recul pour les libertés et les droits fondamentaux des personnes trans, qui même si elles feront sans doute l’objet de recours, peuvent avoir des conséquences graves sur leur quotidien.

Ce virage législatif met aussi en péril les droits des femmes et des personnes enceintes en menaçant de criminaliser les procédures d’avortement, même en cas de grossesse non désirée ou risquée. De plus, des législations similaires ont déjà été proposées dans plusieurs États américains, comme le Texas, où certains membres du gouvernement ont tenté de transformer le personnalisme fœtal en loi, qualifiant l’avortement de “meurtre” et suggérant que les fœtus devaient être protégés par la loi dès le rapport sexuel de fertilisation… une revendication directement issue des religieux intégristes !

2)  Des mesures aussi pour mettre à mal les programmes et les ressources en faveur des personnes LGBTI+


Dès le 2e jour de son mandat, Trump a également supprimé un certain nombre de mesures encourageant la lutte contre les discriminations, a fait retirer les références LGBTI et les informations sur le VIH/​sida des sites gouvernementaux. Il a également ordonné la fermeture des bureaux consacrés à l’inclusion et la diversité entraînant ainsi la mise en congés du personnel de ces offices et les coupes budgétaires en faveur des programmes d’inclusion sont déjà annoncées. En dénonçant ces politiques publiques, Trump remet au centre du jeu “la méritocratie”, une façon de nier l’existence des discriminations systémiques dont peuvent être victimes les minorités.

Le démantèlement des politiques en faveur des personnes LGBTI+ mais aussi en faveur des personnes en situation d’immigration, est déjà en place en quelques jours et malheureusement il est à craindre que ce mouvement s’amplifie, en dépit des alertes des organisations américaines et internationales de défense des droits humains.

Trump et ses alliés des droites extrémistes, notamment en Europe, sont une menace tous azimuts et protéiforme contre tous les LGBTI+, il faut donc sur le champ bâtir et consolider une vigilance et une vraie résistance militante, politique, médiatique et juridique pour freiner ses projets mortifères.