Les Forums de la refondation du PS étaient organisés autour de questions auxquelles nous avons voulu répondre : Quel regard portez-​vous sur la conquête et l’exercice du pouvoir ? Quels sont les grands défis pour le Parti socialiste ? Quelles sont les valeurs et l’identité des socialistes  ? Quels sont les grands défis pour la France  ? Comment vois-​tu notre pays dans 20 ans  ? Voici notre réponse à la 2e question.

 

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En 1971, année de la réunification du Parti socialiste par François Mitterrand, 21 % d’une génération dépassait le niveau du baccalauréat. En 2016, cette part a quadruplé et atteint 78,8 % (1). Ce n’est pas tout. Nous ne pouvons ignorer que :

  • Moins de 10 % des salariés sont syndiqués, il y en avait 20 % au début des années 70. Moins de 3 % des salariés en CDD (1 salarié sur 5 et 1 jeune salarié sur 2) sont syndiqués.
  • On évalue à 16 millions le nombre de bénévoles associatifs actifs, soit 36 % de la population adulte. Ce chiffre croît à un rythme de 4 % par an.
  • 75 % de nos concitoyens (86 % des 16 – 24 ans) utilisent internet régulièrement pour échanger des messages. 40 % (75 % des 16 – 24 ans) utilisent internet pour naviguer, échanger et s’informer sur les réseaux sociaux.

Nous devons tirer les conséquences de l’état actuel de notre société, massivement éduquée, peu syndicalisée, dont la vie associative est dynamique, où l’usage d’internet et des réseaux sociaux est très développé et… qui ne fait que très peu confiance aux mouvements politiques pour peser sur la réalité. Le fait est que la volonté de changement, le combat pour la justice et l’égalité, ne passent plus par l’adhésion à un parti politique, mais par l’engagement associatif local ou concret (ou les deux), par des prises de position sur les réseaux sociaux, par la signature de pétition en ligne, par le relai d’informations en ligne.

HES a été créée par des militants socialistes en 1983 pour faire apparaître une réalité sociale qui restait, à l’époque, à la porte du PS : l’existence, dans la société française des personnes LGBT+, lesbiennes, gays, bi et trans, qui n’étaient pas des citoyens à part entière.

Depuis ces plus que trois décennies, elle a peaufiné une méthode de dialogue exigeant et franc avec la société civile, avec les associations LGBT+, avec des intellectuels, avec des experts afin d’alimenter sa réflexion, d’insuffler des projets ou de soutenir les projets nés au cœur de la société. Le Pacs, le mariage pour tous et la démédicalisation du changement de la mention du sexe à l’état civil, entrés dans nos lois communes en 1999, 2013 et 2016 en sont trois exemples significatifs. Aucune de ces réformes importantes n’est née de la réflexion d’un parti politique. Mais à chaque fois, nous avons collectivement su, parfois maladroitement, saisir ces propositions, les comprendre, les améliorer. Ce travail fait aussi partie de la façon de concevoir notre exercice du pouvoir qui une fois conquis, ne doit pas être un frein au travail avec le mouvement social.

Dans le même temps, nous avons été à l’initiative de la création de Rainbow Rose, réseau des groupes et associations LGBT+ auprès des partis socialistes, sociaux-​démocrates et travaillistes membres du PSE. Ce travail complexe a nourri notre conscience de ce qui se joue dans le projet européen et nous a permis de développer des liens de solidarité.

Sur la base de notre expérience, nous proposons d’inscrire dans notre fonctionnement les éléments suivants :

  • Ouvrir largement la possibilité de créer des sections thématiques temporaires ou durables qui auront la possibilité de soumettre des résolutions argumentées aux instances nationales élues du PS.
  • Demander à chaque section d’organiser une fois par an un débat sur le thème d’intérêt local ou national de son choix, engagé sur les réseaux sociaux et se concluant par une réunion physique largement ouverte au monde associatif, aux experts, aux intellectuels et un texte d’orientation qui sera communiqué aux instances compétentes du PS.
  • Organiser chaque année, en coopération avec les groupes parlementaires, les états généraux de la société française, engagés sur les réseaux sociaux et conclus par une rencontre physique, qui seraient plus utiles que nos anciennes universités d’été. Ces états généraux aborderont, publiquement et en recourant largement à des contributions d’associations, d’experts, d’intellectuels, des sujets économiques, sociaux, sociétaux, écologiques.
  • Proposer des sessions de formation aux élu-​e‑s et adhérent-​e‑s sur des questions de société spécifiques animées par des têtes de réseaux (Président-​e‑s d’associations, représentant-​e‑s syndicaux, intellectuels)
  • Organiser chaque année, à tous les échelons territoriaux du PS une conférence européenne afin de débattre publiquement des questions européennes et d’en tirer des résolutions argumentées soumises aux instances nationales élues du PS.

Une part de la confiance se regagnera dans la capacité que nous aurons à instaurer un dialogue régulier et fructueux avec l’ensemble des forces sociales qui mobilisent et structurent notre société. C’est là que l’avenir s’invente.